Avec les voix de Marie-Laure Bourdin, Elisabeth Kontomanou, Gretchen Parlato, Claudia Solal avec Françoise Toullec et les invités de Michael Olatunja.
La voix en avant, lorsqu’il s’agit de présenter le chant dans un un écrin orchestral (Marie-Laure Bourdin, Élisabeth Kontomanou et Gretchen Parlato). La voix intégrée à un ensemble dont elle devient une des composantes d’un tout (Claudia Solal). La voix enfin dans un concept musical inscrit dans l’univers des musiques dites "actuelles" chez Michael Olatuja.
En cette fin d’année 2009, nous vous proposons un petit panorama de ces différentes manières de mettre en forme les vibrations des cordes vocales.
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> autoproduction MLB Quartet - Commande : MLB Quartet, La Touche - 50220 DUCEY (France)
Marie-Laure Bourdin : chant / Jean Chavanne : piano / Rivo Ralison : contrebasse / Jacques Favrel : batterie // Invités : Jean-Pierre Hervieu : trompette / Nicolas Belloir : saxophones ténor et soprano / Jérôme Gendron : trombone. // Enregistré fin juillet 2009 aux studios du Faune (Saint-Uniac / 35).
Un premier disque, comme un ballon d’essai mais avec une grande sincérité portée par un professionnalisme sans failles, c’est déjà beaucoup. Marie-Laure Bourdin est une musicienne, flûtiste de formation classique, qui, dans le monde du jazz, joue de la voix. Certes, on n’échappe pas à la tentation du "catalogue des possibles" entre une brassée de standards réputés (Saint Louis Blues, God Bless The Child... entre autres) et deux compositions originales. En contrepartie, ce disque varié et contrasté s’écoute avec beaucoup d’intérêt et on imagine aisément que cette musique encore très sage va s’affiner (s’encanailler ?) avec le temps. Il n’y a qu’à écouter l’interprétation de "La Vie en Rose", en clair-obscur pour se convaincre d’un avenir "en rose" pour une formation soudée par des liens affectifs forts autour de la voix de M.L.B.. Cette musique peut avoir du punch mais elle a surtout du cœur et Marie-laure Bourdin a une sacrée belle voix !
On notera que la pochette est due à un graphiste talentueux si attaché à son terroir du Sud-Manche : Daniel Jan. Oui ! Celui qui signa par le passé des pochettes légendaires pour Martial Solal, Laurent Cugny, Riccardo del Fra ou Sixun... Une référence et une belle caution qu’il offre au talent prometteur de Marie-Laure Bourdin : l’œil toujours affûté (Bon esprit !).
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> Plus Loin Music - PL4520 - distribution Harmonia Mundi
Elisabeth Kontomanou : chant / Jacques Mercier : direction / Thomas Bramerie : contrebasse / Laurent Courthaliac : piano / Donald Kontomanou : batterie // Orchestre National de Lorraine. // Enregistré en concert à l’Arsenal de Metz le 19 janvier 2008
9 titres.
Élisabeth Kontomanou, immergée dans un orchestre symphonique, avec autour d’elle en guise de chevaliers servants, les trois jeunes hommes de son trio. C’était il y a presque deux ans à l’Arsenal, magnifique salle de Metz. Le projet était ambitieux et ne manque pas de classe : on imagine bien que se laisser porter par une telle masse orchestrale doit avoir quelque chose de grisant. Pour l’auditeur, c’est autre chose car ce disque évoque effectivement le chant de la sirène, tendu, captivant parfois mais ses appels ne trouvent que peu d’écho. Le trio qui l’entoure semble tétanisé par l’enjeu si on excepte Thomas Bramerie qui assure une ligne de basse salvatrice dans Summer. L’orchestre assure avec beaucoup de professionnalisme et un lyrisme méritant mais peine à swinguer. Le tout manque malheureusement de pulsation et de pulsions. Il faudra attendre une interprétation plus libérée de I put a spell on you en final pour qu’on imagine ce qu’aurait pu être ce projet s’il avait été moins sage...
Ajoutons que la production est très soignée avec un CD qui imite à s’y méprendre un mini-vinyle. On regrette un mixage qui shunte quelques titres de manière un peu étonnante...
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> ObliqSound OS107 - distribution Abeille Musique (NB : ce disque est commercialisé avec deux pochettes différentes mais un contenu identique !)
Gretchen Parlato : voix, percussion / Lionel Loueke : guitare, voix / Aaron Parks : piano, claviers, glockenspiel / Derrick Hodge : contrebasse et basse / Kendrick Scott : batterie et percussion
01. I Can’T Help It S. Wonder) / 02. Within Me (F. Jacob) / 03. Butterfly (H. Hancock) / 04. In A Dream (R. Glasper) / 05. Doralice (A. Almeida - D. Caymmni) / 06. Turning Into Blue (A. Hampton) / 07. E.S.P (W. Shorter) / 08. Azure (D. Ellington) / 09. On The Other Side (F. Jacob) / 10. Weak (J.A. Morgan - S.J. Murdock) // Enregistré à New-York en septembre 2008
Dans la vie, dit-on, il faut faire les bonnes rencontres aux bons moments. Quand, en plus, on a un brin de culot et un certain talent, ça aide. C’est ainsi que Gretchen Parlato entre aujourd’hui dans l’univers du jazz vocal mondial, adoubée par Herbie Hancock et Wayne Shorter et sérieusement épaulée par le guitariste Lionel Loueke qui doit croire en la petite G.P. au point que ce disque pourrait être le sien. Sur I can’t help it de S. Wonder ou Butterfly de H. Hancock (époque Headhunters), le guitariste béninois fait du beau travail : voix percussive et guitare, atmosphère fraîche et bruissante de mille sons (gros boulot de production studio !). Et cette voix alors ? Ce n’est pas tant la voix qui retient l’attention : feutrée, retenue, portée par un souffle toujours contrôlé. On retient surtout une manière particulière de faire siennes les compositions très typées qu’elle a choisies en piochant chez Hancock, S. Wonder, W. Shorter (E.S.P. traité d’une manière particulièrement étonnante), bien aidée par une fine équipe de talents jeunes et affutés.
Gretchen Parlato s’est produite sur quelques scènes de l’Hexagone, elle enregistre depuis 5 ou 6 ans avec des musiciens haut de gamme et ce second album sous son nom est porteur d’un charme indéniable. Pour le moment, c’est encore du jazz et pas la pop sucre d’orge de certaines vocalistes plus médiatisées.
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> Obliqsound Backdrop OSD CD BD005 - distribution Abeille Musique
Michael Olatuja : basse, contrebasse, fender rhodes, arrangements / nombreux musiciens et vocalistes selon les titres parmi lesquels : Jean Toussaint (sax soprano sur 10) / Jason Rebello ( piano et claviers sur 10)
01. Ma Foya / 02. Altar Call / 03. Hold On / 04. Little Sister / 5. Le Jardin / 06. Yi Yipada / 07. Unconditional / 08. Speak / 09. Walk With Me / 10. Mama Ola (feat. Jason Rebello & Jean Toussaint) // Enregistré en décembre 2003 et mai 2004
Le bassiste nigerian Michael Olatuja est, à l’instar de Lionel Loueke, un de ces musiciens africains d’origine qui incarnent le concept de Citoyen du Monde. En transcendant les genres et les cultures, en assumant l’héritage de leurs traditions dans des formes artistiques résolument actuelles. "Speak" est un disque qui veut porter un message et c’est pour cela que les voix y sont omniprésentes et choisies pour leur diversité inscrite dans la culture noire.
Si on excepte la présence du pianiste Jason Rebello et du saxophoniste Jean Toussaint sur l’ultime plage, ce disque n’est pas spécifiquement référé au jazz. Sa réalisation relève des techniques spécifiques des productions soul, funk etc... avec un gros travail de studio sur une base qui remonte tout de même aux années 2003-2004. La maturation aura pris du temps mais le produit est sympathique et doit par moment beaucoup à Stevie Wonder et aux grandes voix soul...
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> MusiSeine - Gazul Records GA 8696 - distribution Muséa
Françoise Toullec : piano, piano préparé, composition / Claudia Solal : voix / Antoine Arlot : sax alto, électroacoustique / Louis-Michel Marion : contrebasse / Michel Deltruc : batterie
Compositions de Françoise Toullec en 8 parties et 40 plages !
Un petit bijou de fantaisie poétique qui nous invite à nous plonger dans l’univers revigorant de cette Banquise à 5 places dont les dérives sont orchestrées par la pianiste et compositrice Françoise Toullec. On fond devant les espiègleries vocales de Claudia Solal, on se laisse réchauffer par l’inventivité d’un quintet qui se libère dans un cadre pourtant organisé.
El(le) est un disque plein d’humour qui allie les références sérieuses à un plaisir du jeu presque enfantin. Françoise Toullec a décidé de travailler sur des petits formats groupés en huit unités aux titres porteurs d’imaginaire : "Les merveilleux animaux planants de Bornéo", "L’effondrement d’un nuage" et les "Saynètes" sur des textes de l’écrivain belge Norge. Si on pense à Satie, Bartok (les miniatures) ou Stravinsky, on pourra aussi chercher des influences du côté de Luciano Berio mais cette musique ne s’interdit pas le rythme (souvent suggéré avec finesse) ni la mélodie charmante mais déglinguée ("Marel(le)" sur une valse de Schubert).
Une musique d’ensemble où la voix est mise en valeur de façon assez singulière. Un jeu auquel se prête avec bonheur Claudia Solal. Le climat se réchauffe, il est temps de s’intéresser de très près à La Banquise !
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