| 01- MARC COPLAND . Gary - OUI !
| 02-WENDY EISENBERG . The machinic unconscious
| 03-WENDY EISENBERG . Its shape is your touch - OUI !
| 04-SHAI MAESTRO . The Dream Thief - OUI !
| 05-FLAVIO BOLTRO BBB TRIO. Spinning
| 06-LAURENT FICKELSON . In the Street - OUI !
| 07-NILS LANDGREN . Christmas with my friends VI
| 08-FORGAS BAND PHENOMENA . L’oreille électrique
| 09-LLduo
| 10-KENNEDY / MILTEAU / SEGAL . Crossborder Blues
| 11-MICHEL PETRUCCIANI . The Complete Dreyfus Jazz Recordings
| 12-JAZZ REFERENCE
| 13-FRANCOIS COTINAUD, BENJAMIN DE LA FUENTE & l’ENSEMBLE MULTILATERALE/ Mosaïques - OUI !
| 14-JÉRÔME CASALONGA - ANTONELLO SALIS . Isὀkhronos - OUI !
| 15-ZOOT OCTET, ZOOT SUITE Vol.2 - OUI !


  MARC COPLAND . Gary

Illusions music

Marc Copland : piano

Marc Copland rend hommage à son ami Gary Peacock en jouant des thèmes écrits par ce dernier. Seul, celui intitulé « Gary » a été composé par quelqu’un d’autre, en l’occurrence Annette Peacock… Avec la force sereine et l’art de la nuance qui le caractérise, le pianiste de Philadelphie fait respirer les compositions du contrebassiste comme jamais. Son jeu aux multiples variations harmoniques, les couleurs que ses doigts évoquent, tout porte au rêve par un cheminement fluide au sein de sonorités profondes parfaitement enregistrées. Marc Copland possède ce toucher particulier qui dit encore l’ébauche après son accomplissement même. Quand la ligne est là, il assez facétieux ou sagement indécis pour, de temps à autre, nous la masquer au bon soin d’un préambule interrogatif offrant une vision dispersée du thème à venir. Si l’atmosphère générale de l’album est à l’introspection, elle n’en est pas moins riche et de notes et de silences résonnants. A aucun moment, l’on ne cherche à savoir ce qui relève de l’écriture ou de l’improvisation. On écoute simplement une musique aussi spirituelle qu’organique. Et c’est le propre de Marc Copland devant son clavier que d’offrir en toute circonstance ce type d’expérience musicale ultime : de celles qui marquent durablement l’esprit de l’auditeur et l’incite au flottement et à la rêverie atemporelle.

Yves Dorison


http://www.marccopland.com/


  WENDY EISENBERG . The machinic unconscious

Tzadik

Wendy Eisenberg  : guitare
Trevor Dunn : basse
Ches Smith : batterie

Âmes sensibles s’abstenir. Ou pas. Wendy Eisenberg, elle vient de là, elle vient du punk. Avec Trevor Dunn et Ches Smith, elle dynamite les genres, les codes, les habitudes et s’inscrit dans une démarche très contemporaine qui questionne l’auditeur avant de l’assommer progressivement. Ce collectif à trois fonctionne à l’étincelle, celle qui provoque la furie, l’explosivité électrique. Sorte d’organisme musical engendré par un spasme en proie au doute, le trio oscille entre impulsions contradictoires et intuition brute. Interactifs en toute occasion, les musiciens tendent vers des limites qu’ils n’atteignent jamais vraiment, qu’ils ne veulent peut-être pas atteindre, ce qui offre quelques moments d’intense foutoir sonique très revigorant, juste entrecoupés d’espaces exploratoires étonnamment calmes et sujets à la maltraitance harmonique. Inclassable, ce disque possède tous les atouts d’un brûlot et agira pour les uns comme un repoussoir et, pour les autres, comme un aimant, une attraction impossible à contenir. Une chose est certaine, cela ne laissera personne indifférent.

Yves Dorison


  WENDY EISENBERG . Its shape is your touch

VDSQ

Âmes sensibles s’abstenir. Ou pas. Wendy Eisenberg est passée par bien des genres musicaux avant de parvenir à ce disque, fruit d’une séance d’improvisation réalisée en 2017, dans lequel son instrument se présente sous une forme radicale, absolue, visant l’essentiel et rien d’autre. Le titre, « Its Shape is Your Touch », est le dernier vers d’un poème de Richard Brautigan intitulé « Here is something beautiful ». Elle également référence à un ouvrage du romancier William Gaddis, «  The Recognition » pour être précis. La musique ici proposée est vibrante et rugueuse, mais aussi unique. Elle offre dans les sept titres de ce CD un jeu poétique qui est, selon elle, une méditation principalement axée sur la perte et l’absence. De fait, son art semble accoucher ici d’une forme musicale intrinsèque longtemps conservée hors de portée ; les sons tournent, se contractent, régressent et s’effacent avant de ressurgir dilatés forçant les frontières de l’univers auquel elle nous a habitué, si tant est que la virtuose de l’expérimentation qu’elle est ait une habitude d’ailleurs. Sur la dernière improvisation, abstraite et excessivement implicite, le discours pourra dérouter celles et ceux qui n’apprécient que modérément la forme contemporaine. Être dérouté par quelques poèmes musicaux épigrammatiques ne doit cependant pas vous détourner d’un disque furieusement original, un disque qui nous paraît habitée par son autrice, entre douleur et résilience, et qu’elle définit comme un « bluesless blues ».

Yves Dorison


https://www.wendyeisenberg.com/


  SHAI MAESTRO . The Dream Thief

ECM

Shai Maestro : piano
Jorge Roeder : contrebasse
Ofri Nehemya : batterie

Sur ce coup-là, nous avons du retard ! D’accord. Mais cela ne nous empêchera pas de célébrer ici ce disque de Shai Maestro qui est une merveille de grâce, de profondeur et de subtile musicalité. Jorge Roeder et Ofri Nehemya laisse parler leur savoir, leur science et leur goût de l’improvisation sans jamais étouffer les compositions du pianiste. L’ensemble, aux sonorités denses, est d’une finesse aboutie. Le mélange des influences que l’on peut écouter dans chaque pièce est un voyage en soi et il est plus que délicat de définir précisément les moments où les dites influences s’entremêlent. Parcouru par une liberté assumée, cet enregistrement ne manque donc pas de singularité. Celle de la musique bien sûr, mais celle de chaque instrumentiste aussi. Les méandres mélodiques sous les doigts de Shai Maestro sont une invitation au rêve ; il s’agit d’être attentif car il nous semble qu’il nous invite à une sorte de rencontre au carrefour de l’inattendu. Et si rien n’est clinquant dans cet album, chaque détail est un scintillement musical ancré dans la surprise harmonique ou/et rythmique. Alors, qu’il évolue dans les espaces mouvants de la douceur onirique ou bien qu’il s’ébatte dans un lyrisme inspiré de grande facture, ce disque porte en lui toutes les qualités nécessaires pour devenir un incontournable de votre cédéthèque. A offrir sans modération puisque c’est l’époque.

Yves Dorison


https://www.shaimaestro.com/


  FLAVIO BOLTRO BBB TRIO. Spinning

Anteprima productions / Bendo Music

Flavio Boltro : trompette
Mauro Battisti  : contrebasse
Mattia Barbieri : batterie

Liberté grande, c’est le titre du seul recueil de poésie qu’a écrit Julien Gracq. Mais ce pourrait tout aussi bien être le credo de Flavio Boltro dans ce disque sans instrument harmonique. Avec le compagnonnage de la contrebasse richement boisée de Mauro Battisti et de la batterie versatile de Mattia Barbieri, le turinois propose un disque atmosphérique, tantôt volubile, tantôt apaisé. Les mélodies « à l’italienne » se glissent dans l’oreille de l’auditeur sans difficulté car leur compositeur excelle dans l’art de la suggestion. Dans cet esprit largement modal qui caractérise l’enregistrement, Flavio Boltro tente quelques incursions électroniques qui passent plutôt bien et nous font souvenir de l’époque où le maître d’Alton réinventait la trompette jazz. Nombre de thèmes de ce CD semblent également avoir un aspect quasi cinématographique issu d’une poétique noire et blanche qui appartient aussi bien aux années cinquante qu’à notre époque. Quelque part entre la nouvelle vague et Jim Jarmusch, les climats engendrés par le trio peuvent envoûter le néophyte et l’habitué des bacs de jazz. Que le souffle de l’instrumentiste soit retenu ou débridé, mat ou chaleureux, il sait à tout instant capter l’attention, parfaitement soutenu par une solide rythmique. Si vous ajoutez à cela le lyrisme naturel si ancré dans les terres transalpines comme dans le jeu de ses musiciens et une bonne dose d’improvisation, vous obtenez un disque séduisant qui place Flavio Boltro dans une maturité sereine.

Yves Dorison


http://www.anteprimaproductions.com/Flavio-Boltro


  LAURENT FICKELSON . In the Street

Jazz Family / Socadisc

Laurent Fickelson : piano
Thomas Bramerie : contrebasse
Eric Prost : saxophone
Philippe Soirat : batterie

Tradition et modernité font bon ménage dans ce dernier disque du pianiste Laurent Fickelson. Il faut dire que les hommages vont à l’alter ego de Duke Ellington, Billy Strayhorn (dont la composition Lush Life encadre l’ensemble des titres du CD)et que les influences proviennent aussi bien de John Coltrane (The promise) via McCoy Tyner que de Thelonius Monk(‘Round midnight). S’ajoutent à cela, pour faire bonne figure, les propres compositions de ce complice de vieille date des frères Belmondo, dont l’une d’entre elles, In the Street, donne certes son titre au disque mais aussi la véritable mesure du jazz prodigué par le piano de Laurent Fickelso : enjoué et tonique. Qualités dues également à l’amalgame réussi du swing du contrebassiste Thomas Bramerie et du batteur Philippe Soirat ajouté au groove de l’excellent saxophoniste Eric Prost, auteur par ailleurs du thème intitulé 07. Au total, un disque intemporel et bien ancré dans son temps.

Jean-Louis Libois

Camille@cdzmusic.com / 06 63 77 38 30


  NILS LANDGREN . Christmas with my friends VI

Act

Nils Landgren : trombone, chant
Sharon Dyall : chant
Jonas Knutsson : saxophone
Jeanette Köhn : chant
Eva Kruse : basse
Jessica Pilnäs : chant
Ida Sandlund : chant, piano
Johan Norberg : guitare

A Noël, il faut chanter bon dieu ! Des chants de Noël bien sûr. Ou presque puisque ici l’on va de Bach à Abba. Nils Landgren, il est constant, hein. Dans le genre c’est le numéro 6. Mieux que Chanel ! Alors quoi ? Une chanson pour acheter le sapin, une chanson pour accrocher les boules, une autre pour faire la crèche, une pour pour ilestoùlenfantjésus, encore une pour la guirlande lumineuse, une chanson pour faire les courses, une chanson pour acheter les cadeaux, une autre pour les emballer, une pour décorer la table du réveillon, une pour commander la bûche, celle-là pour le plan de table, une bien épaisse pour bâfrer consciencieusement, une bien rôtée pour le crémant qui fait mal à la tête, une amusante pour s’extasier devant le petit dernier qu’aime pas les huitres, une pour faire semblant d’être content et une dernière pour dire merci à tout le monde. Ca nous fait seize chansons pour célébrer dignement l’arrivée du lardon de la Marie et du Joseph. Il aurait fallu un dix-septième titre car on n’a pas pu faire les flocons de neige avec le pochoir sur les vitres. Un autre pour revendre sur internet la pierrade offerte par cette conne de tante Alice ? Bon, vous savez quoi ? C’est Nils Landgren avec des musiciens talentueux ou Tino Rossi. Alors ? Alors ? Faites moins les malins, là…

Yves Dorison
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http://www.nilslandgren.com


  FORGAS BAND PHENOMENA . L’oreille électrique

Cuneiform records

Patrick Forgas : batterie
Karolina Mlodecka : violon
Pierre Schmidt : guitare
Sébastien Trognon : saxophones, flute
Dimitri Alexaline : trompette, flugelhorn, trombone
Igor Brover : piano, piano électrique
Gérard Prévost : basse

Allons enfants de la batterie, Patrick Forgas est de retour ! Actif / inactif depuis une quarantaine de balais, le Forgas Band Phenomena est au rock progressif et au jazz fusion ce que la cerise est au gâteau ou, comme il a été écrit « the French answer to the Canterbury scene ». Avec une instrumentation variée, ce groupe-là étoffe efficacement les textures habituelles du genre. Dixième disque de la formation, il propose cinq suites aux titres évocateurs (Délice karma, Septième ciel, l’oreille électrique, Crème anglaise, Pierre angulaire) flirtant avec la douzaine de minutes ou presque. Les ambiances musicales reflètent une époque ou Soft Machine, Weather report et les autres imposaient un style novateur. Le violon de Karolina Mlodecka évoque aussi bien Jean-Luc Ponty que Kansas, la guitare est virtuose… En fait, chacun tient son rang afin de créer une musique luxuriante qui tend à passer aux oubliettes de nos jours. Trop daté donc, trop bien fait pour l’Eurovision, trop compliqué pour un rapper, trop long pour un programmateur radio, trop ancien pour une télé avide d’instantané, le Forgas Band Phenomena cumule tous les handicaps. Mais n’est-ce pas ainsi que l’on devient culte ?

Yves Dorison


http://forgasbp.online.fr/


  LLduo

Autoproduction

Yves-Anthony Laur : piano
Adrien Leconte  : batterie

Deux jeunes musiciens inventent un duo un jour où le bassiste oublie de venir. C’est le LLduo et cela ne manque pas de sel. Leur musique est toujours mélodique et climatiquement changeante ; il lui arrive de se plaire à la répétitivité hypnotique comme il lui arrive souvent de faire monter les émotions par de savants crescendos qui inclinent à la transe. L’improvisation se taille une large part dans cet échange musical entre deux artistes qui se connaissent suffisamment pour se faire confiance et laisser leurs jeux respectifs se déployer dans des paysages musicaux colorés qui recèlent de belles surprises, notamment rythmiques. Nous aimerions cependant que l’influence ESTienne s’estompe un peu et que les deux compères en profitent pour creuser plus dans leur imaginaire personnel dont la fécondité est évidente. Un disque à découvrir pour sa joyeuse contemporanéité.

Yves Dorison


http://llduo.fr/


  KENNEDY / MILTEAU / SEGAL . Crossborder Blues

Naïve

Harrrison Kennedy : chant, banjo
Jean Jacques Milteau : harmonicas
Vincnet Segal : violoncelle, keuss keuss

Celui-là, nous ne l’avions pas vu sortir. Dans cet album de blues intimiste, Harrison Kennedy, Jean Jacques Milteau et Vincent Segal s’attaquent aux frontières qui ne sont pas un mur comme rappelle justement l’harmoniciste. Et les frontières, ils les traversent allègrement au travers de douze titres allant de reprises en originaux. Ils le font avec un goût très sûr et un plaisir évident. Ce disque-là, ils auraient pu l’enregistré dans le salon de l’un ou de l’autre avec le même bonheur. Ancré dans l’héritage mais sans œillères, les trois musiciens participent d’un même élan vital au service d’une musique qui a irradié tous les genres nés après elle. Ils le font avec la justesse des musiciens qui savent où ils vont mais qui n’oublient pas d’où ils viennent. Dans ce CD, trois caractères, trois personnalités originales, œuvrent ensemble, sans querelle d’ego, pour délivrer un blues authentique et moderne à la fois. Ce n’est pas tous les jours que cela arrive. The thrill is back…

Yves Dorison


http://www.jjmilteau.net/


  MICHEL PETRUCCIANI . The Complete Dreyfus Jazz Recordings

Dreyfus

Nous n’allons pas écrire encore tout le bien que l’on pense de Michel Petrucciani et le vide qu’il a laissé en disparaissant. Cela n’apporterait rien de nouveau. L’on se permet juste de saluer l’initiative de la maison de disques Dreyfus qui réédite le coffret qu’il lui a consacré en 2008 en l’augmentant. Il contient maintenant 12 CD et 3 DVD ( soit 2 CD et 1 DVD en plus) : une somme musicale qui devrait retenir l’attention des inconditionnels et, qui sait, plaire à d’autres qui souhaiteraient découvrir cet artiste hors norme. Détail ci-dessous.

Yves Dorison

ALBUMS

1. Marvellous
2. Conférence de presse 1 (Duo with Eddy Louiss)
3. Conférence de Presse 2 (Duo With Eddy Louiss)
4. Au Théâtre des Champs Elysées – 2*CD
5. Flamingo (Duo With Stéphane Grappelli)
6. Both Worlds (Sextet)
7. Trio In Tokyo
8. Conversation (Duo With Tony Petrucciani)
9. Dreyfus Night in Paris (With Marcus Miller and friends)
10. Piano Solo - the complete Concert in Germany – 2*CD
11. Michel Petrucciani & NHOP (Duo With Niels-Henning Ørsted Pedersen) – 2*CD
12. Both Worlds Live – 2*CD

DVD

1. Non Stop Travel (Dir. Roger Willemsen) + Solo live at Marciac
2. Lettre à Michel Petrucciani (Dir.Franck cassenti) + Trio in Stuttgart
3. Both Worlds Live (Sextet recorded at The North Sea Jazz Festival)


  JAZZ REFERENCE

Dreyfus

Pour célébrer le naissance du 3eme millénaire, Francis Dreyfus lançait en 2000 la collection « Jazz Reference », un catalogue regroupant les plus grands noms du jazz proposé dans une qualité de son épatante. Ce fut le résultat de ce travail de plusieurs années fait par une équipe de passionnés. Cette somme devint une référence. Pour faire découvrir à une nouvelle génération les trésors de cette collection (et les faire redécouvrir aux plus avertis), BMG a décidé de lui redonner toute la place qu’elle mérite. C’est donc une première sélection de 14 disques réédités sous le label DREYFUS JAZZ, dans un packaging revu et corrigé et pour la première fois en Vinyle, qui est sortie en octobre dernier. Vous pouvez donc vous procurer des enregistrements de Dizzy Gillespie, Erroll Garner, Ella Fitzgerald, Duke Ellington, Gerry Mulligan 4tet avec Chet Baker, Charlie Parker, Nat King Cole, Stan Getz, Lester Young, Louis Armstrong, Billie Holiday, Django Reinhardt, Sarah Vaughan et Miles Davis avec Coltrane. De quoi faire découvrir le jazz aux récipiendaires de vos cadeaux de Noël !

Yves Dorison


http://www.disquesdreyfus.com/


  FRANCOIS COTINAUD, BENJAMIN DE LA FUENTE & l’ENSEMBLE MULTILATERALE . Mosaïques

Musivi

François Cotinaud : soundpainting, compositions
Benjamin de la Fuente : compositions

l’ensemble Multilatérale :
Samuel Bricault : flûte
Diane Chirat-Battello :hautbois
Bogdan Sydorenko : clarinette
Raphael Duchateau : trompette
Mathieu Adam : trombone
Hélène Colombotti  : percussion
Aurélie Saraf  : harpe
Lise Baudoin : piano
Pieter Jansen : violon
Pablo Tognan : violoncelle

Quelques précisions concernant le soundpainting forme ouverte initiée par Walter Thompson liant gestuelles et matériaux compositionnels, écriture et improvisations, où l’imprévu se mêle au prévu, le hasard peut parfois bien faire les choses. Il en résulte des créations en temps réel, en constantes évolutions, une performance ne ressemblera ainsi jamais à une autre performance. Interactions entre les improvisations des exécutants et celle du soundpainter chacun réagissant à ce qu’il entend ou voit.
Voilà pour de succinctes explications, tout un pan de créations s’est aujourd’hui organisé autour de cet art qui par définition est sans véritable hiérarchie.
De cette immédiateté le disque Mosaïques de François Cotinaud et Benjamin de La Fuente en est un témoin. La démarche est la métaphore de son nom : Collage, découpe, éclat, fusion, couleur, irisation, chacun des instrumentistes de l’ensemble Multilatérale en exprime les tesselles dues aux propositions du compositeur Benjamin de La Fuente et à François Cotinaud le soundpainter. De cette juxtaposition, il en questionne la pertinence : « Jouer de la mémoire des petites pièces. Des variations comme des conversations. Des tempéraments. Des énergies. Même les pierres parlent…Que serait cette note, ce do, ce si, sans le frottement des cordes du violon dans l’ombre ». Dissonance, imprévus, enchevêtrements, décomposition, recomposition, un autre est le même, le même est contraire, le champ est vaste et il faut éviter, comme ici, l’ensablement. Les instrumentistes usent de leur savoir, de leurs lectures, de leurs techniques, la musique dite contemporaine, le jazz et leurs développements font ici bon ménage. Jouer avec les corps, les cœurs, l’acoustique, les couleurs, les contraintes.
Ainsi d’un même matériau l’homme peut faire des histoires différentes. Dans la musique comme dans d’autres domaines, il n’y a pas de solution unique…D’autres mondes sont possibles.

Pierre Gros


https://www.jazzbank.com/musicien/mosaiques_multilaterale.html


  JÉRÔME CASALONGA - ANTONELLO SALIS . Isὀkhronos

Casa Editions

Jérôme Casalonga : voix, clarinette, saxophone
Antonello Salis : piano, accordéon, percussion

C’est à Pigna, village perché de Haute-Corse entre l’Île-Rousse et Calvi que s’est installée la famille Casalonga. Toni, l’artiste-plasticien originaire d’Ajaccio, son épouse musicienne, Nicole, et leurs fils, Ugo le luthier et Jérôme, également musicien. Une ruine achetée dans les années 60 puis une coopérative et, au fil du temps, un centre cultuel (Voce), une maison d’édition, Casa Editions, et un auditorium où a été enregistrée cette fructueuse rencontre entre Jérôme Casalonga et, venu de l’île voisine, le sarde Antonello Salis.
C’est en 1996 que le corse découvrit un enregistrement du sarde grâce au batteur Francis Lassus. Un pianiste accordéoniste percussionniste vocaliste, musicien libre à l’énergie créative débordante (Si vous pensez à Bernard Lubat, ce n’est pas une fausse piste, loin de là) ! Après avoir participé à un même projet/spectacle en 2014, Jérôme Casalonga et Antonello Salis ont ressenti le besoin d’un dialogue plus intime en duo. C’est ce que vous découvrirez dans ce très beau disque totalement inclassable enregistré au début 2018. On perçoit dans cette rencontre un parfait équilibre, un même sens de la spontanéité et un amour partagé pour les musiques profondément humaines, ancrées dans des terroirs (Corse, Sardaigne) et portées par une même pulsation de vie (l’isochronie !). Entre chants traditionnels corses, compositions ouvertes et créatives, improvisations, on chemine avec eux sur des traces secrètes à travers des paysages lumineux et colorés. Une musique libre et sensible qui ouvre l’esprit et le cœur et délivre une énergie rare. Il fait bon vivre les instants d’intense poésie que nous propose ce duo de caractère.

Thierry Giard


www.casa-editions.com . fr.wikipedia.org/Antonello_Salis


  ZOOT OCTET, ZOOT SUITE Vol.2

Zoot Records

Neil Saidi  : Sax Baryton
Noé Codjia : Trompette
Thomas Gomez : Sax Alto
Ossian Macary : Trombone
Paco Andreo : Trombone
Clément Trimouille : Guitare
Pablo Campos  : Piano
Clément Daldosso : Contrebasse
David Paycha  : Batterie
Elsa Rooke : Voix (plage :15)
Jeroen Suys  : Violon
Clémence Mériaux : Violon
Anna Sypnieski : Viola
Florian Pons : Violoncelle

Deuxième volume de l’ensemble Zoot Collectif qui réunit de jeunes musiciens passionnés par le jazz et très actifs sur les scènes nationales, cet enregistrement fait avant tout appel au plaisir, ce qui n’empêche nullement l’exigence du haut niveau, bien au contraire. A l’écoute les références de ces jeunes gens sont multiples : le worshop de Charlie Mingus des années cinquante-soixante, le quintet de Max Roach et Clifford Brown, le Birth of Cool de Miles Davis et Gil Evans et ses dérivés, la patte de Thelonious Monk ou Bud Powell sans oublier le grand Duke Ellington. Cependant et c’est peut être là qu’il faut aller chercher leur identité, les références à la musique du vieux continent sont également nombreuses avec la présence d’un quatuor à cordes qui sait éviter grâce à la qualité de ses arrangeurs les nappes hollywoodiennes sirupeuses mais aussi fait appel à certaines tournures harmoniques de la musique européenne du début du siècle. Notons aussi la qualité des soli et du son d’ensemble, de la rythmique qui bien que classique (dans le bon sens du terme) sait garder swing et raffinement. Il faut dire aussi que ce disque a été enregistré d’un seul tenant, les musiciens étant réunis dans le même espace sans casques. Le pari est risqué mais c’est l’assurance d’avoir une musique vivante et organique, en effet à quoi bon avoir recours au mixage si les musiciens le réalisent eux même de façon naturelle, c’est ça aussi le jouage d’ensemble. A l‘évidence ces jeunes musiciens connaissent les fondements de cet art et forgent leur son dans ce creuset historique. Nos savons dés à présent que nous reviendrons vers ce disque…

Pierre Gros


https://www.zootcollectif.com/