Portraits Croisés.

  Sommaire  

L’un quitte la capitale et vient de s’installer à Caen (Armel Dupas) et l’autre quitte Caen pour s’installer à Paris (Robin Nitram). Le premier joue chez l’habitant, le second dans les galeries d’art.
Portraits croisés de deux musiciens qui ne se sont jamais rencontrés.

  Armel Dupas

Ses attaches récentes à Caen,le pianiste les doit à son passage au Théâtre en février 2017 dans la formation d’Henri Texier avec lequel il enregistre le disque Sky dancers [1]. Avant cela, il y avait eu -après Nantes- “les années Paris” et Le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP) de 2005 à 2009, suivies d’une installation en Sologne. De ce retour à la nature, les compositions du pianiste portent la trace ainsi que l’impressionisme de son jeu. Tandis que ses collaborations avec les cinéastes font naître des images et semblent obéir à une narration préexistante. En effet, Armel Dupas a collaboré aux compositions originales du film Un conte de Noël (Arnaud Desplechin, 2008), L’écume des jours (Michel Gondry, 2012). Ce 13 décembre 2018, c’est dans un lieu destiné à d’autres claviers, à d’autres pratiques non musicales, l’espace Co working (47 quai de Juillet à Caen) que ce nouveau venu sur la scène jazz caennaise a choisi de convier voisins, amis des voisins, curieux... et les enfants en première ligne.
Pour ce faire, Armel Dupas enchaîne titres de son précédent CD en trio, A Night Walk (octobre 1917 avec Mathieu Penot, batterie-claviers et Kenny Ruby, basses- claviers) puis une composition de la saxophoniste Lisa Cat- Bero invitée pour le prochain CD (Broderies) à paraître début 2019 ainsi qu’un hommage au superbe film Love and Mercy de Bill Pohlad consacré au chanteur-compositeur des Beach boys, God only knows.
"Pop acoustique” avec des raciness jazz- a-t-on pu lire à son propos ; on ne peut mieux dire.

Cette première expérience, le pianiste espère bien la renouveler et l’étendre à des lieux plus inattendus telles des entreprises, des commerces… où seraient organisés dans leurs murs, des mini concerts susceptibles d’accueillir employés, clients…
Signe des temps, Francis Marmande titrait son article paru dans Le Monde du 11 janvier 2019 : A Paris, le jazz s’invente de nouveaux lieux d’expression.
Avis donc aux amateurs de Caen et des environs !

  Robin Nitram

Son jeune collègue caennais a pour l’instant choisi la capitale pour s’y former et s’y frotter. La concurrence est rude et l’imagination se doit être au pouvoir. Cela tombe bien, le jeune guitariste Robin Nitram n’en manque pas. À cet effet, il multiplie aussi bien les rencontres, les expériences et ne craint pas d’investir des lieux à priori peu destinés au jazz. Au point de départ, il y a cette décision prise après le bac de devenir un musicien professionnel !
Et s’il joue de la guitare depuis l’âge de 8 ans, c’est à l’American School of Modern Music, sise à Paris, que commence en septembre 2011 son véritable apprentissage, qu’il poursuit à partir de 2O13 à l’International Music Education of Paris (IMEP) crée par des professeurs transfuges de la précédente institution. Il y fait ses classes d’harmonie, d’arrangement… avant de conclure au Conservatoire Régional de Paris de 2016 à 2018. Le jazz me donne sinon toutes les clefs du moins de quoi gagner ma vie (y compris en donnant des heures de cours au Conservatoire de Lagny sur Marne ). Et puis, la scène de jazz actuelle, internationale aussi bien qu’à Paris, est très riche. Je peux ainsi développer mon projet solo.

Cette liberté totale de choix qu’il revendique vaut aussi pour les lieux de diffusion. Ainsi les galeries d’art parisiennes : Le projet initial était de m’inspirer des tableaux exposés et d’improviser. En mai dernier, il joue ainsi dans la galerie Perpitch& Brigand à l’occasion de l’exposition Désirée Engelen puis en octobre à l’A-Chronique Galerie au milieu de la famille galeriste. Entre deux, place à la Maï Galerie à Hanoï au Vietnam dans des conditions folkloriques.

Un disque en solo Super Alone, Rêveries sonores (octobre 2018) atteste de cet intérêt plus généralement pour la peinture. La musique ? Abstraite à l’instar des tableaux et laissant libre cours à l’improvisation. Jouer dans les galeries d’art, c’est une bonne école pour l’imagination.
Robin Nitram n’est pas toujours seul. Il a enregistré peu avant Duology Experiment en compagnie du batteur Antoine Delbos. Duo plutôt expérimental (voir La pile de disques de Thierry. G, mai 2018) auquel s’est parfois associé son ancien professeur, le vibraphoniste David Patrois à l’occasion de concerts. Plutôt rock.
Il y aussi la road music en compagnie de son père et de ses amis, The Silver Roosters, prochainement en tournée entre Paris et Normandie. Il y a encore le projet commun avec le batteur rouennais Paul Pesty également auteur des compositions, au sein d’un quintette réunissant Vivian Cheneveau à la basse électrique, Rémi Bonetti au chant et Mathieu Bellon au saxophone ténor. Les spectateurs parisiens ont pu les entendre début janvier au Sunset.
Jamais en panne d’inspiration, Robin participe également en compagnie du saxophoniste-arrangeur Léonard Piacentino à Metaphump, réalise des vidéos en concert -ou pas- mises ensuite sur You Tube. Metaphum compte ainsi 7 à 8000 abonnés.
Et il y a enfin et toujours son duo formé avec la chanteuse et saxophoniste Audrey Thirot ( éléve -comme Robin- de l’IMEP), habituée des clubs parisiens et qu’on a pu découvrir en octobre dernier à Caen au Bistropolitain dans un concert de standards.
Pour compléter l’affirmation de Robin, ajoutons que la scène de jazz actuelle est aussi riche de ses musiciens, de ses ses lieux et de ses initiatives.


Armel Dupas :
A Night Walk : Upriver / L’Autre Distribution . armeldupas.com/
Robin Nitram
www.robinnitrammusic.com
robinnitrammusic.bandcamp.com


[1en compagnie de Sébastien Texier au saxophone, Nguyen Lê à la guitare et Louis Moutin à la batterie.