Christian Ducasse est photographe mais il aime aussi prendre la plume pour relater quelques souvenirs de ses passages dans les festivals de l’été.
On sait que le travail des photographes dans nombre de manifestations n’est pas de plus en plus facile et souvent délicat mais il y a des organisations bienveillantes vis à vis de leur activité. En voici la preuve en texte et en images glanées au gré de quelques balades à travers l’Hexagone ou visites de proximité. Il y eut de bons moments cet été pour cet amoureux du jazz à la curiosité constante.
Voici son récit sur le mode "pourquoi se priver" en laissant sur le bas côté le peu de déceptions.

  Musiques aux jardins :Marseille 4 juillet

Que de trésors cachés, de bastides oubliées, nommées « campagnes » ! Quelques mairies de secteurs rivalisent pour offrir des moments musicaux. Au parc de Maison Blanche (XIX ème siècle) Mino Cinelu joue aussi pour ses amis. Il a séjourné à Marseille au siècle dernier. Aux jardins, il présente une formation inédite toute de décontraction. L’accès est libre à la mairie du 9-10ème arrondissement située à la pointe Est de l’immense ville. En verve, le bassiste Thierry Fanfant s’illustre, tandis que Géraldine Laurent raccorde la fine équipe à l’univers du jazz canal historique. Soirée douce & épicée.

Mino Cinelu percussions & chant / Géraldine Laurent -saxophonne / Thierry Fanfant basse / Janysett McPherson – claviers & chant
Un partenariat la Mesón, & festival des 5 Continents
http://lameson.com www.marseillejazz.com

  Les Intemporelles : Périers (Manche) 7 juillet

La Manche jadis discrète, voire atone l’été venu, regorge aujourd’hui d’une foule de propositions musicales.
Une des plus discrètes manifestions (pour le moment) se niche dans l’église de Périers à l’initiative du tromboniste François Lemonnier. Orgue et musique classique prédominent mais c’est sans compter sur l’invention de Lemonnier expert en bonnes surprises. Furent convoqués de sérieux confrères (Guy Arbion et Philippe Defurne ) ainsi que la consœur coutançaise Louise Mazurier (18ans) dont il convient de suivre la trace.

  Jazz en Baie : Saint-Pair-sur-mer & Edenville-Jullouville

28 juillet & 3 août

Renoncement, évolution du « modèle économique » ? La jazzosphère s’émeut que le swing tonique soit marginal dans la pléthorique programmation d’un festival conçu il y a dix ans sur les falaises de Champeaux (plus beau kilomètre de France, oui !).
Point de controverse sur le show du quartet de Guillaume Perret, accueilli en formule Club, une piste à retenir.

Marée descendante sur la plage, show de lumières en intérieur (Jonathan Chassaing), le ténor du saxophone fait vibrer sa musique sans concession. Son dans les étoiles (Fabien Terrail). En verve, convié au pied levé, joyeuse surprise d’entendre les délires de Laurent Coulondre, clavier providentiel.

Hors concours en « visiteuse du soir » Melody Gardot se produit-elle dans l’immense chapiteau d’Edenville-Jullouville ou nous reçoit-elle dans son boudoir ? Aérienne et si proche, elle sait entendre son public. Ce soir dans le Sud Manche il ne brille guère par son érudition. Tandis que dans une fine introduction d’un hommage à Joao Gilberto, elle mesure que son auditoire méconnaît la grande figure Brésilienne disparue, Melody se drapera d’indulgence. Pas grave, d’ici sa prochaine venue sur la côte ouest Normande, tout un chacun fera l’effort de se renseigner sur la légende Gilberto et dans la foulée tentera de percer les mystères de cette diva.

www.jazzenbaie.com

  Festival Malguénac (Morbihan) 15 août

Intrigué d’une programmation excitante, on prend la route de Malguénac, via Pontivy (centre Bretagne).
Avertissement nécessaire à l’endroit des non-initiés : se méfier des horaires annoncés, économiser ses forces, se sustenter au bon moment … option : apporter sa gourde.
« Three Days of Forest » introduction en douceur pour ainsi dire dans les délais, mais le dernier show prévu pour minuit débutera vers 2 h du matin. Bon sang, c’est bien sûr nous sommes au pays des fest-noz !

Clou exclusif ce jeudi de l’Assomption : le trio du batteur Ferenc Nemeth. Ses partenaires et amis, Chris Potter (saxophone) & Gilad Hekselman (guitare) à pédales joyeuses, le nez souvent dans les partitions, feront sonner les compositions du leader. On apprécie ces rencontres à la fois puissantes et relâchées. Le phénoménal Chris Potter et Ferenc Nemeth seront retenus en bis le lendemain pour palier la défection du batteur Dave King. On ne refuse pas de prêter main forte au pianiste Craig Taborn : audacieux et exclusivement à Malguénac.

Autre plateau de la soirée : le Sfumato d’Émile Parisien.
Une conjugaison d’univers habités, musique en tension, band solide doté d’une rythmique ad hoc (Simon Tailleu, contrebasse - Gautier Garrigue, batterie. En électron libre : Manu Codjia, guitare, et très libre voire hors cadre : Roberto Negro, piano. Quintet passionnant de bout en bout.

www.festival-malguenac.fr

  Jazz à la Villette 31 juillet & 1er août

Très confortablement assis à la Philharmonie ou la Cité de la Musique, puis debout un long moment dans la Grande Halle, le public se doit d’alterner tension-détente à la Villette, ou danser au son du jazz des origines.
Suite à l’écho à chaud sur Facebook et le post d’Alain Gauthier, qu’ajouter ?
www.facebook.com/culturejazz.magazine/posts & www.culturejazz.fr/Under.the.Radar
Sans doute que ce festival est une fête énorme, accessible au plus grand nombre. Sa programmation signée du duo Vincent Anglade - Franck Piquard navigue audacieusement sur le jazz à venir, parfois sur ses pans escarpés, options pointues & valeurs vintage. L’after de la Petit Halle sonne comme une martingale : tous gagnants !

Au festival Jazz à la Villette et dans les lieux précités, les reporters photographes furent plutôt bien accueillis, purent s’exprimer, travailler en confiance. Un des plus illustres, Christian Rose, a semblé savourer ces moments, attentif au show de Kenny Garrett.

le 31 août à la Grande Halle de la Villette.

  Nîmes Métropole Jazz festival : Nîmes & Marguerittes 19 & 20 septembre

Derniers jours de l’été dans les faubourgs de Nîmes.
S’y annonce le festival fédérant des communes peu habituées faire l’actualité culturelle. L’édition 2019 rend hommage à Michel Petrucciani, Stéphane Kochoyan (natif du Nîmes) à la manoeuvre artistique.
Concert très spécial à Saint-Gilles, double plateau Petrucciani père & fils & Laurent Coulondre (natif de Nîmes bis) en trio Jérémie Bruyère (contrebasse), André Ceccarelli (batterie). Pour enrichir, deux expositions dédiées au pianiste : le photographe Jean Ber présente plan large les années « Dreyfus Jazz » et votre serviteur une chronique photographique (1980-1998).

Opportunité de rencontrer une magnifique figure locale : Marc Audinet, auteur d’un livre mémorable en forme d’autobiographie « Un boeuf dans l’arène ». En juillet 1977, Marc Audinet accompagnait à la batterie le clan Petrucciani (Tony le père à la guitare et deux des fistons, Louis contrebasse et Michel piano droit). Audinet possède quelques anecdotes éclairantes sur cette époque fondatrice du futur Little Big Man du clavier.
L’été s’achève, il est temps de retrouver une activité normale.