| 00- SANDRO ZERAFA . Last night when we were young - OUI !
| 01- CARSTEN DAHL TRINITY . Mirrors within
| 02- CHRIS WHITE / LARA DRISCOLL . Firm Roots
| 03- JAVIER SUBATIN . Trance - OUI !
| 04- BILL EVANS . Live at Ronnie Scott’s
| 05- ARTHUR HNATEK TRIO . Static
| 06- DECOR-UM
| 07- MARC BURONFOSSE . Aegean Nights
| 08- IVO PERELMAN TRIO . Garden of Jewels - OUI !
| 09- DIEGO PINERA . Odd Wisdom
| 10- MIGUEL ZENON & LUIS PERDOMO . El Arte Del Bolero - OUI !
| 11- PIECES . Generations at sunrise
| 12- TANIA GIANNOULI . In fading light - OUI !
| 13- BERNARD SANTACRUZ & MICHAEL ZERANG . Cardinal point
| 14- HUSSAM ALIWAT . Born now


  SANDRO ZERAFA . Last night when we were young

Paris Jazz Underground

Sandro Zerafa : guitare
Vincent Bourgeyx : piano
Yoni Zelnik : contrebasse
Antoine Paganotti : Batterie

Pour bien débuter une nouvelle année, avec ou sans nouveau virus, il nous fallait écouter du jazz… jazz. Coup de bol, dans la pile de disques reçus et prêts à sortir, nous avons pêché un Sandro Zerafa (pur Malte). En duo avec Vincent Bourgeyx ou en quartet avec Yoni Zelnik et Antoine Paganotti, dans son nouveau cd plein de standards plus ou moins connus, le guitariste démontre une fois de plus un savoir-faire à toute épreuve et une sensibilité qui le place naturellement parmi les musiciens que l’on retient. Dans les titres en duo guitare / piano, lui et le pianiste tournent autour des thèmes en variant les angles et l’éclairage. Les lignes qu’ils dessinent se parent de nuances avantageuses qui s’extirpent du commun musical pour mieux fréquenter les espaces sensoriels dévolus aux musiciens lumineux. Il en va de même avec les plages jouées en quartet et l’on écoute l’ensemble du disque avec ce sentiment particulier que l’on peut ressentir en (re) découvrant un classique que l’on aurait par inadvertance oublié dans le tiroir à Cd. Comme un disque d’Herb Ellis, c’est tout de swing et de souplesse altière que rien n’arrête. Cela semble si facile que l’on oublierait presque ce qu’il faut de talent pour en arriver là. Foncièrement joyeux et paisible à la fois, ce jazz détendu donne des envies de sourire sans raison particulière… C’est cool et tendre, tout simplement. Antidote idéal à l’hiver, au virus et à administrer en perfusion à tous les neurasthéniques de la terre.

Yves Dorison


www.sandrozerafa.com


  CARSTEN DAHL TRINITY . Mirrors within

Storyville

Carsten Dahl : piano
Niels Bo Davidsen : contrebasse
Stefan Pasborg : batterie

Hormis deux morceaux pour lesquels le pianiste a griffonné quelques accords en studio avant l’interprétation, la musique de ce disque n’est faite que de premières prises, de jaillissements spontanés. Évidemment le trois musiciens se connaissent et jouent ensemble depuis longtemps. Le dialogue (pour un trio, peut-être est-ce un trialogue) est donc dense et se déroule sans anicroche. Construite sur des rythmiques tout à tour obsédantes ou éclatées, leur expression musicale n’en demeure pas moins d’une fort intéressante aquosité. Carsten Dahl privilégie une fluidité sinueuse qui englobe tout son clavier et s’écoule en furie ou parfaitement apaisée. La thématique des mélodies est constante et décrit un univers personnel paradigmatique qui se focalise sur un spectre où la poésie le dispute à l’art pictural. Expressionniste jusque dans l’abstraction, le pianiste sait varier les textures et ses collègues de jeu lui rendent la pareille sans coup férir. L’ensemble s’écoute agréablement car rien jamais ne lasse. Cette musique habitée, décrite par le pianiste comme « l’image du collectif » et de l’universel, est le reflet d’elle-même et des artistes qui la créent dans l’instant en sympathie.

Yves Dorison


https://www.storyvillerecords.com/


  CHRIS WHITE / LARA DRISCOLL . Firm Roots

Firm Roots music

Chris White : piano
Lara Driscoll : piano

Lara Driscoll et Chris White sont deux pianistes qui partagent une même vie commune. Avec cet album en duo, ils marient leurs intentions musicales et les fondent dans un même moule d’où sort au final une seule musique, la leur. Naturellement, leurs compositions se nourrissent de leurs expériences communes. L’on retrouve également au programme, le « Firm roots » de Cedar Walton, « That’s what friends are for » de Burt Bacharach, « Song for my father » d’Horace Silver et « Willow weep for me » d’Ann Ronell. La tonalité générale de cet album à tout instant mélodique possède une élégance pianistique qui nous fait souvenir du regretté Hank Jones. Sans heurt, les deux pianistes nous font voyager en douceur d’un thème à l’autre. Jazz jusqu’au bout des ongles, ils accordent toute sa place à l’harmonie, à tous les sens du terme. C’est le genre de disque chaleureux par essence que l’on écoute en laissant divaguer l’esprit au gré des mélodies. Une conversation musicale à déguster de préférence au coin du feu et si possible à quatre mains.

Yves Dorison


http://chriswhitepiano.com/
http://laradriscoll.com


  JAVIER SUBATIN . Trance

Ears & Eyes Records

Javier Subatin : guitare
Daniel Sousa : saxophone alto
Diogo Alexandre : batterie

Argentin de naissance, lisboète de résidence, Javier Subatin poursuit discrètement un travail original qui rencontrera tôt au tard son public car ne manquant pas de personnalité. Avec ce trio guitare / saxophone / batterie, pour lequel il a composé quelques éléments structurels, c’est bien le dialogue improvisé qui est mis en avant. Interdépendants autant que livrés à eux-mêmes, les trois musiciens n’ont de cesse de faire circuler les idées musicales. Avec des motifs contrastés et une ouverture tous azimuts, le guitariste et ses collègues développent une musique spontanée dans laquelle le répétitif et le lancinant se conjuguent, créant au passage des éléments de langage musical tout à fait captivants et séduisants. Invitant à une forme subtile de transe, comme son nom l’indique, cet album sait fouiller dans le recoin de l’imprévu en s’organisant autour d’un mouvement triangulaire qui sait varier les contours et les textures. Propice à l’envolée rêveuse par le message mélodique qu’elle transmet malgré tout, la musique de Javier Subatin échappe brillamment à nombre de classification et c’est tant mieux. Une chose est certaine, elle appartient pleinement à l’esprit d’un jazz fait de défrichage et de libre itinérance.

Yves Dorison


https://www.javiersubatin.com/


  BILL EVANS . Live at Ronnie Scott

Resonance Records

Bill Evans : piano
Eddie Gomez : contrebasse
Jack DeJohnette : batterie

Le trio de Bill Evans avec Eddie Gomez et Jack DeJohnette en 1968, on connait bien. Il y a l’album iconique « Live in Montreux ». Depuis quelques temps, Resonance Records a sorti deux autres occurrences de ce trio. L’une s’était perdue dans les les archives du label allemand MPS, l’autre avait été enregistrée par la radio hollandaise. Cette fois, l’enregistrement provient des archives personnelles de Jack DeJohnette. Disons-le tout net, si cet album enregistré dans le club londonien, où le trio était engagé pour un mois, avait été la seule alternative au live suisse du 15 juin 1968, on aurait dit d’accord et même on aurait été content d’écouter ce trio dont la musicalité est époustouflante. Evans est au sommet, DeJohnette apporte la fraîcheur du nouveau venu et Eddie Gomez trouve sa place de mélodiste hors norme pour conforter l’ensemble. Mais là, il faut bien avouer que le son n’est pas à la hauteur. Bref il si est pourri que nos oreilles fatiguent. Alors même si le livret est fourni, cela ne suffit pas. Loin s’en faut. Nous n’avons rien contre la documentation historique, surtout quand elle concerne Bill Evans, mais cela sent le bon coup financier. Faire du fric sur le dos de la légende avant Noël ? Sauf que le label est « Non Profit. » Mais à donc qui profite le crime ? Bonne question.

Yves Dorison


https://resonancerecords.org/


  ARTHUR HNATEK TRIO . Static

Whirlwind Recordings

Arthur Hnatek : batterie
Francesco Geminiani : saxophone tenor
Fabien Iannone : contrebasse

Un trio acoustique qui sonne comme un trio électronique, ce n’est pas forcément une affaire de son, c’est aussi et surtout une affaire d’ambiance et d’approche compositionnelle. En ce sens, le batteur suisse Arthur Hnatek et ses collaborateurs crée un genre qui n’appartient qu’à eux puisqu’il relève de l’acoustique stricto sensu bien qu’aidé par un appareillage spécifique pour l’enregistrement. L’on y trouve du répétitif, de la brisure rythmique, de la complexité, du minimalisme et beaucoup d’espace. L’on y trouve également de l’improvisation, ce qui ne nuit jamais, n’est-ce pas ? C’est donc un album assez inclassable qui s’épanouit entre deux mondes qu’il connecte de façon aventureuse mais pertinente. Les musiciens prennent un évident plaisir à malaxer les textures. A l’auditeur de décoder (c’est le cas de le dire) tout cela et d’y prendre lui aussi du plaisir. Quant à nous, si nous avons indéniablement apprécié l’esprit du projet et les possibilités multiples qu’il privilégie pour sa création, nous sommes restés sur le pas de la porte, comme on dit, un peu dubitatifs et circonspects. Vous croyez qu’on a dépassé la date limite au-delà de laquelle notre ticket n’est plus valable et nos oreilles plus valides ?

Yves Dorison


https://www.arthurhnatek.com/


  DECOR-UM

Petit Label

Betty Jardin : voix
Pierre Millet : trompette, bugle
Patrice Grente : contrebasse
Pascal Vigier : batterie
Jean-Baptiste Julien : piano

Intiateur ou invité de nombreuses formations régionales ou non,Pierre Millet trompettiste a conçu ce dernier opus à deux voix, en compagnie de la chanteuse Betty Jardin. Décor-um fait donc la part belle à l’instrument et à la voix. Au premier revient le mérite de la composition et à la seconde celui des paroles et du chant. Paroles et musiques ne formant plus, le plus souvent, qu’une seule et même voix !
De ce fait, si la partie chantée est indépendante dans un certain nombre de titres et si le trompettiste et ses complices, (Jean-Baptiste Julien au piano, Patrice Grente à la contrebasse et Pascal Vigier à la batterie) ne s’interdisent pas d’improviser, cette écriture à deux voix transparait le plus souvent : « Connaissant bien sa voix, j’ai écrit la musique en fonction (…) Elle peut être parfois utilisée comme deuxième instrument monophonique »
Kerala princess, Napoli, Midnight voyage…. suggèrent l’idée de voyage. Dehors. Ou bien dedans ( Yelow box ).
Entre écriture vocale et improvisation instrumentale, on retiendra particulièrement l’apport original de la chanteuse Betty Jardin (formée notamment au chant classique du Kérala, lors d’un séjour de plus de 10 années en Inde)dans ce disque en " quête d’une musicalité intériorisée. »

Jean-Louis Libois


https://www.facebook.com/pg/Decor-Um-104698827893198/posts/


MARC BURONFOSSE . Aegean Nights

Maxime Hoareau : vibraphone, piano électrique, électronique
Arnaud Biscay  : batterie, percussions, voix
Marc Buronfosse : Fender VI, électronique
Rishab Prasanna : bansouri
Adrien Soleiman : saxophone ténor
Andreas Polyzogopoulos : trompette
Jean-Philippe Carlot : poème

Arts ulture Europe

Faisons un rêve… en musique en nous transportant au bord de la mer Egée. Mixé à Paros, l’une des îles cycladiques « les plus intenses de la Grèce »(sic), ce disque enregistré à Paris qui nous arrive par l’entremise du contrebassiste Marc Buronfosse (prix du Concours de la Défense avec le Bojan Z quartet en 1992, « Révélation » de Jazz Magazine en 2010 pour son disque Face The music avec son propre quartette) est avant toute chose un hommage à la mer Egée. Et ce voyage musical vaut bien le détour. Ces nuits (dont chaque titre porte la trace) de la mer Egée qui ont enivré le compositeur et instrumentiste Marc Buronfosse brillent en effet de tous leurs feux. Le premier thème pour s’en convaincre déroule, sous l’impulsion d’une batterie plutôt pop, une mélodie entêtante, étoilée par une myriade d’effets musicaux. Nuits électriques ( fender bass ) mais aussi nuits transfigurées par les musiciens (vibraphone, trompette, bansouri , saxophone) à l’écoute des cieux égéens.
Enfin, si poésie parlée et musique font rarement bon ménage (lénifiant, pontifiant, redondant…), dans cet Agean nights, de près de dix minutes, l’alchimie est à son comble pour cet appel de la mer Egée, par l’ incantation de la voix d‘Arnaud Biscay et la constellation sonore déployée par l’ensemble des musiciens présents sur ce dernier titre. Envoûtant !

Jean-Louis Libois


https://www.cdzmusic.com/release/aegn-aegean-marc-buronfosse/


  IVO PERELMAN TRIO . Garden of jewels

Tao Forms

Ivo Perelman : saxophone ténor
Matthew Shipp : piano
Whit Dickey : batterie

Les trois musiciens de ce disque se connaissent mieux que bien et depuis un bout de temps. Et comme ils sont largement versés dans l’expression libre d’un jazz qui flirte avec l’illimité, la surprise et le contrepied, il leur en faut peu pour élaborer un discours spontané de haute tenue. La preuve avec ce disque enregistré en une journée de juin 2020 après qu’ils furent confinés. L’on y ressent parfaitement l’aspect cathartique d’une musique quasi expulsée par des musiciens dans l’urgence, trop longtemps claustrés et toujours en quête d’expression musicale, tout comme on perçoit la richesse kaléidoscopique d’un ensemble lié par des années de connivence. Cela ne manque pas de lyrisme, même si d’aucuns pourraient penser qu’il est un peu trop haché, mouliné, éclaté, et cela ne manque pas de fluidité, même si d’aucuns… En lutte avec les temps obscurs créés par la pandémie, le trio propose à l’auditeur une musique d’ouverture dont on peut penser, à juste titre, qu’elle possède une fonction sociale éminente en toute circonstance, et plus particulièrement en ces temps troubles où le repli sur soi (la peur) menace de faire éclater un tissu social déjà bien distendu par l’ultralibéralisme. Cette musique ne changera pas le monde bien sûr, mais au moins elle existe et peut soutenir et épauler les âmes sensibles qui serait tentées de vaciller malgré elles.

Yves Dorison


http://www.ivoperelman.com/


  DIEGO PINERA . Odd Wisdom

Act Music

Diego pinera : batterie
Donny McCaslin : saxophone
Ben Monder : guitare
Scott Colley : contrebasse

Il est dit dans les notes de l’album que Diego Pinera « aime juxtaposer la liberté polyrythmique du jazz à d’autres systèmes métriques ». Vous savez quoi ? C’est vrai. Originaire de Montevideo, le batteur quarantenaire basé à Berlin depuis 2003 a réuni pour ce disque enregistré à New York la crème de la crème du coin avec Donny McCaslin, Ben Monder et Scott Colley, des créateurs toujours fourrés dans les bons coups qui savent imprimer leur marque sans étouffer leurs partenaires. Rassemblant tous les sons et les rythmes sur lesquels le batteur a travaillé depuis une décennie, ce disque requiert une écoute toute de concentration tant il fait montre d’une richesse complexe. La variété percussive est partout et il fallait des cadors pour intégrer cet univers. Les trois musiciens précités le font avec la classe qu’on leur connait. L’on est même convaincu à l’écoute qu’ils ont pris un réel plaisir à amplifier de leurs immenses savoirs la substance musicale composée par le batteur. Nous, nous ne sommes pas rentrés dans cette musique qui nous a parue un peu précise et froide. On gagne pas à tous les coups.

Yves Dorison


https://sites.google.com/view/diegopinera/welcome


  MIGUEL ZENON & LUIS PERDOMO . El Arte Del Bolero

Miel music

Miguel Zenon : saxophone alto
Luis Perdomo : piano

Enregistré à la Jazz Gallery, à New York, le 28 septembre dernier, cet album ne bénéficie que d’une sortie digitale. Entièrement consacré à thèmes latino-américains connus que les deux musiciens connaissent depuis toujours, cet enregistrement mérite le détour. A cheval entre la tradition et la modernité, il donne à écouter un disque parfaitement subtil, dont le calme semble flirter avec une forme de douce mélancolie. Une seule prise a suffi pour mettre en boite ce matériau musical en tout point pétri d’émotion. Miguel Zenon le dit : « Lorsque nous jouons ces chansons, nous pouvons entendre les paroles au fond de notre esprit, ce qui crée un lien très profond, difficile à reproduire dans toute autre situation. C’est vraiment au-delà du familier. Ces chansons font partie de nous. » Et ceci explique évidemment que cette musique nous ait paru à ce point naturelle, fluide et habitée. Le saxophoniste portoricain et le pianiste vénézuélien font là un sans faute impressionnant de musicalité. Certes, ces deux-là sont de sacrées pointures dont le talent est unanimement reconnu mais il nous semble que dans ce Cd ils atteignent un niveau de compréhension mutuelle assez renversant. De l’âme et de la chair, a-t’on déjà trouver mieux pour faire de la musique qui parle à tous ?

Yves Dorison


https://miguelzenon.com/
https://www.luisperdomojazz.com/


  PIECES . Generations at sunrise

Storyville Records

Palle Mikkelborg : trompette
Anton Langebaek : contrebasse
Bjarne Roupé : guitare
Benjamin Barfod : drums

Une reprise du morceau emblématique de Jim pepper Wichi-tai-to, une autre de Naima, une mélodie du folklore suédois, un standard (Nature boy), une composition collective, voilà de quoi satisfaire les oreilles des plus exigeants. Surtout quand on vous aura prévenu que ce quartet prend de grandes libertés avec les originaux et que, de fait, ils sont bien dans la re-création et non dans l’interprétation au sens strict. Cela ne nous a pas empêché de goûter pleinement la finesse ultime de cette musique aux paysages fortement septentrionaux (vu le line-up, ce n’est pas étonnant…). Il n’en demeure pas moins que cet album vous fera sévèrement voyager dans les limbes et autres brumes telles vous pouvez les imaginer. Il faut attendre le quatrième titre, la composition collective, pour obtenir un peu plus de grain dans l’expression musicale, une matière mélodique un peu plus dense. A noter que ce morceau s’achève par un long et superbe solo de contrebasse. Le quartet de cet album réunit deux générations de musiciens et le moins que l’on puisse dire est que la greffe est parfaitement réussie. Plus, ce disque majoritairement planant et baigné d’intimité a été enregistré en public. Au vu des applaudissements épars qui ponctuent chaque pièce, le dit public avait plus que décollé… Nous aussi.

Yves Dorison


https://www.storyvillerecords.com/products/pieces-generations-at-sunrise-1013535


  TANIA GIANNOULI . In Fading light

Rattle Records

Tania Giannouli : piano
Andreas Polyzogopoulos : trompette
Kyriakos Tapakis : oud

Un trio hellénique enregistré sur un label Néo-Zélandais, ce n’est pas commun. Et un trio composé d’une pianiste (et compositrice), d’un trompettiste et d’un oudiste, c’est encore plus rare si ce n’est une première. La puce à l’oreille, nous avons donc plongé dans cet univers musical inconnu et nous ne l’avons pas regretté. Les compositions de Tania Giannouli sont construites sur des mélodies entêtantes, teintées de lyrisme, qui étirent le temps, le distendent. L’alliage inédit entre les trois instruments amène, lui, des textures et des résonances tout à fait pertinentes car la cohésion entre les musiciens est plus que patente. Dans cette musique très ouverte qui puise sa force dans sa contemporanéité autant que dans une veine plus marquée par la tradition méditerranéenne, chaque artiste a l’opportunité de faire circuler l’émotion en harmonie avec ses coreligionnaires. L’ensemble se révèle en tout point passionnant, que ce soit dans l’écriture ou l’improvisation. Entre cordes et souffle, la musique inspirante et fédératrice de Tania Giannouli offre une pause réparatrice à chaque auditeur qui a la curiosité de l’écouter. Et pour une fois, la photographie qui illustre la pochette est belle, sobrement évocatrice (© Savvas Lazaridis). C’est si rare…

Yves Dorison


https://www.taniagiannouli.eu/


  BERNARD SANTACRUZ & MICHAEL ZERANG . Cardinal point

FsRecords

Bernard Santacruz : contrebasse
Michael Zerang : batterie

La contrebasse de Bernard Santacruz à l’âme sensible, ce n’est pas une nouveauté. Confrontée aux peaux du batteur Michael Zerang, elle ne s’en laisse pas conter. Mais pourquoi donc se battrait-elle avec un ami de longue date ? C’est donc bien d’une rencontre qu’il s’agit entre deux musiciens aussi complices qu’exigeants. Certes, le duo contrebasse / batterie est rare mais ce n’est pas une raison pour s’en détourner. Surtout si les artistes qui le composent savent improviser de concert bien au-delà des frontières habituelles du jazz mainstream. Entre glissades et dérapages, grincements et rebonds, le batteur et le contrebassiste savent donner du sens et de la mélodie à une musique intrigante et inaccoutumée par la grâce d’un discours commun généreux. Eux qui aiment depuis toujours à fréquenter les plus aventureux de leurs condisciples savent que dans la recherche sonore les chances de passer à côté du sujet sont grandes et qu’il est aisé de lasser l’auditeur. S’ils évitent l’écueil, c’est par une exploration créatrice, intelligente et sensible, des formes au sein desquelles leur complémentarité est exemplaire.

Yves Dorison


http://michaelzerang.com/


  HUSSAM ALIWAT . Born now

Gaya Music Prod

Hussam Aliwat : oud, compositions
Sary Khalifé : violoncelle
Raphaël Jouan : violoncelle
Nicholas Goussot : batterie

Il y a le jazz. Il y a des jazz. On n’est pas obligé de tout aimer. N’en reste pas moins vrai que nombre de jeunes musiciens-compositeurs sont tentés d’aller voir ailleurs. Influencé par le trio Joubran (palestinien mais de nationalité israélienne) aussi bien que par le musicien Marcel Khalifé (libanais pour les habitants du Sud Liban et palestinien en Palestine,), c’est Hussam Aliwat et son oud qui vont vers le jazz plutôt que l’inverse. C’est donc aux influences arabisantes qu’il revient de cimenter l’ensemble des titres de cet album. Mais si l’oud va au jazz, c’est en bonne compagnie : de la musique classique arabe au flamenco en passant par le rock.
Born now est, comme il se doit, un album à conseiller aux amateurs d’oud, de musiques arabisantes, de musiques du monde…et de jazz bien sûr tandis que son dialogue constant, peu banal, avec les violoncelles (aux accents parfois quasi hendrixiens !) libère d’autres horizons, tout ainsi séduisants pour l’oreille réticente.

Jean-Louis Libois


https://www.cdzmusic.com/release/hussam-aliwat/