Jacques Chesnel (1928-2021) était ouvert à toutes les formes de jazz d’hier et d’aujourd’hui... Plasticien et homme d’écriture, il s’intéressait particulièrement aux rapports entre le jazz, la peinture et la littérature. Il collabora à CultureJazz de 2004 à 2009. Son ami Jean Buzelin se souvient...
J’ai rencontré Jacques en 1975 à Jazz Hot, lors d’un de nos “comités de rédaction” bimensuels. Habitant Caen, il ne venait pas régulièrement mais nous avons tout de suite sympathisé. Son esprit, son humour, ses réparties (et sa moustache !) me plaisaient bien. Il n’avait pas la langue dans sa poche, ce qui faisait parfois grincer quelques dents.
Né en 1928, il avait vécu, jeune clarinettiste amateur, l’Occupation et les bombardements de Caen à la Libération [1]. Doté d’une fine plume et artiste avant tout, il avait travaillé dans l’architecture avant de se consacrer à la peinture, dont le jazz était souvent l’un des thèmes (ses portraits de musiciens dans la lignée de la figuration narrative, ses suites abstraites sur Monk, Coltrane...). Jacques était ouvert à toutes les formes de jazz, traditionnelles comme contemporaines, sans oublier le blues [2], et s’intéressait particulièrement aux rapports et correspondances entre cette musique et les autres formes artistiques, en particulier la peinture et la littérature, Grand lecteur et cinéphile averti, il s’était forgé une vaste culture dans les domaines les plus divers. Très actif et “homme de scène” (consultant à l’INA, expos diverses), il organisa durant une quinzaine d’années des concerts au Café des Images d’Hérouville-Saint-Clair.
Après notre installation en Haute Provence, Jacques et son épouse faisaient étape chez nous sur le chemin de La Seyne-sur-Mer où il présentait chaque année le festival. Très affecté par la disparition de sa chère Martine en 2003, il continua à venir régulièrement à la maison. Discuteur infatigable, ce qui provoquait des échanges parfois contradictoires, mais aussi amusant et s’entendant bien avec nos enfants, il faisait un peu partie de la famille. Tout en continuant à écrire sur le jazz dont il était toujours à l’écoute, il s’était mis à rédiger de petites nouvelles cocasses dont il avait réuni un choix dans un livre [3]. Comment oublier l’homme, et l’ami ?
Jean Buzelin
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