| 00- DAVIS VENITUCCI . En équilibre
| 01- BEN SIDRAN . Swing state
| 02- TOBIAS WIKLUND . Silver needle
| 03- EMILIE CALME & LAURENT MAUR . Fantaisie improbable pour flûtes et harmonicas- OUI !


  DAVID VENITUCCI . En équilibre

EPM

David Venitucci : accordéon

La dernière fois que l’on a écouté un Cd d’accordéon solo, ce devrait être celui de Galliano ; cela fait un bon bout de temps, au moins quinze ans. David Venitucci nous rappelle dans ce disque qu’il fait partie de ces musiciens inspirés qui font leur chemin tranquillement sans céder aux sirènes de la facilité. Empli de bout en bout d’une belle inventivité harmonique, l’album s’écoute avec un plaisir serein et ne lasse pas. Compagnon de route, entre autres, de Renaud Garcia-Fons et de Patricia Petibon, le grenoblois propose à l’auditeur un voyage musical aux saveurs variées. On se laisse aller à la rêverie, on glisse entre les lignes mélodiques qui ne manquent jamais d’originalité. Les partis-pris rythmiques, quant à eux, peuvent être aventureux. Mais David Venitucci peut se le permettre car il évolue à un tel niveau d’exigence et de maîtrise que rien ne lui semble interdit. C’est le disque d’un artiste discret, sinon rare, qui reste à découvrir par le plus grand nombre.

Yves Dorison


http://www.davidvenitucci.fr/actus/


  BEN SIDRAN . Swing State

Bonsaï Music

Ben Sidran : piano
Billy Peterson : contrebasse
Leo Sidran : batterie

C’est bientôt l’été, les légendes ressortent le museau ! Pour certaines des dites légendes, on s’en passerait volontiers. Pour d’autres, on est heureux de les retrouver. C’est le cas avec Ben Sidran qui a le mérite de ne jamais attirer l’attention du showbiz de manières trop insistante. La faute à qui ? La faute à lui ! Définitivement trop jazz le bonhomme ; un comble pour un gars qui a joué avec un régiment de pop stars. Sur ce disque, il a en de plus l’outrecuidance de ne pas chanter et de n’offrir qu’une composition personnelle. Pour bien le vendre, à part s’appuyer ses soixante années de carrières, sa versatilité (n’oublions pas qu’il est un auteur prolifique, un journaliste spécialisé ou aussi un producteur) que pourrait-on mettre en avant ? Dire que « Swing state » est son premier album instrumental en trio. Voilà, c’est ça. Dire aussi qu’il a puisé dans les standards des années trente, de fait les premiers qu’il a appris à jouer dans sa jeunesse, selon ses dires. Dire en sus, que sur des tempi moyens, il se débrouille pas mal du tout. Avec un jeu économe (c’est pas Peterson non plus), un bassiste historique et son fiston à la batterie, il offre à ouïr un swing rugueux qui n’est pas déplaisant. Bref, à 78 ans, il se fait plaisir et cela nous convient.
Yves Dorison


http://www.bensidran.com/


  TOBIAS WIKLUND . Silver needle

Stunt Records

Tobias Wiklund : cornet à pistons
Jonas Lindeborg : trompette
Karin Hammer : trombone
Staffan Findin : euphonium
Magnus Wiklund : tuba
Simon Toldam : piano
Lasse Merck : basse
Daniel Fredriksson : batterie

Le suédois Tobias Wiklund est l’un des très rares musiciens de ce siècle à s’intéresser au cornet à piston. Dans cet album, il dirige un groupe qui va du quartet à l’octet à la sonorité bien ronde. Quasiment jamais la musique ne s’emballe ; on évolue sur des tempi majoritairement lents qui laissent de l’espace au silence. Quant ce n’est pas le cas et que la température monte, on baigne une forme neuve de hard bop du plus bel effet, que ne renieraient pas de grands anciens, mais qui sait utiliser des codes très contemporains. Le jeu du leader pourra en étonner plus d’un car l’esthétique qui est la sienne est tout à fait originale. Jazz et blues se mêlent en toute circonstance et le swing n’est jamais loin. Que ce soit en formation réduite ou avec l’octet, la musicalité et l’écoute sont de mise. Enregistré sans amplification, le travail de Tobias Wiklund séduit par sa finesse, la qualité des compositions et la parfaite interprétation du classique d’Armstrong « That lucky old sun ». Virtuose sans esbroufe, le suédois invente grâce à son cornet à pistons un créneau musical dans lequel il est presque le seul à évoluer. Surprenant et plus qu’agréable à écouter.

Yves Dorison


https://www.facebook.com/TobiasWiklundMusic/


  EMILIE CALME & LAURENT MAUR . Fantaisie improbable pour flûtes et harmonicas

Lubans Music

Emilie Calmé : flûtes
laurent Maur : harmonicas

Qu’une flûtiste et un harmoniciste dialogue c’est assez rare. Pour eux, ce ne l’est pas. Ils ont commis par le passé une Duologie remarquée. Dans ce nouvel album, ils avancent de concert dans l’approfondissement musical de leurs échanges. Les deux premiers mots du titre « Fantaisie improbable » sont explicites. On a affaire dans cet album à deux musiciens complices qui ne s’interdisent absolument rien. La climatologie de leur musique les porte vers un onirisme qui renvoie aux calendes grecques les contraintes habituelles. Comme leur imaginaire commun est fécond, les pièces qui se succèdent ouvrent à des paysages atemporels et pacifiques. Tissée finement, la musique du duo va d’entrelacs en méandres et circule toujours avec fluidité. Irisée de reflets aux couleurs changeantes, elle donne à écouter un condensé de subtilités qui retient l’oreille. On ne se demande jamais qui est soliste, qui accompagne, car l’interaction entre eux est naturelle et consubstantielle à leur musique. A tel point que l’on s’interroge : ne serait-ce pas un solo à deux ?

Yves Dorison


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