Un français installé à New York, une danoise qui aime la Suède, un quartet international et un guitariste slovène avec un batteur israélien ? De la diversité du jazz !
Stunt Records
Claes Janson : chant
Emily McEwan : chan (3.5.10.13)
Christina Von Bülow : saxophone alto, flûte
Steen Rasmussen : piano
Pelle Von Bülow : guitare
Daniel Franck : contrebasse
Frands Rifbjerg : batterie
Vous voulez du jazz classique ? En voici. Vous voulez être surpris par la voix d’un chanteur ? C’est bien dans ce disque que vous le trouverez. La saxophoniste et flûtiste Christina Von Bülow, fille de Fritz (guitare) et mère de Pelle (guitare), qui joue sur cet album, rend hommage à la culture suédoise qui la fascine depuis toujours. Comme édicté ci-dessus, tout ici est affaire de mélodie et de swing discret, de mélancolie aussi. Chaque musicien est en place et a l’espace nécessaire à son expression. La voix de Claes Janson a le grain qui sied à son âge (ce n’est pas un reproche), son chant est direct et nuancé. La rythmique fait le boulot avec précision. Le pianiste et le guitariste interviennent quand ils le jugent nécessaire. Quant à Christina Von Bülow, elle passe du saxophone ténor à la flûte avec une aisance qui traduit de longues années de compagnonnage avec ces instruments. Au final, c’est un disque équilibré et agréable à écouter qui sonne juste, même s’il est clair qu’il ne révolutionnera pas le genre. Mais ce n’était pas non plus l’intention de la leader. Écoutez-le donc comme il est.
Autoproduction
Simon Moullier : vibraphone
Lex Korten : piano
Alexander Claffy : contrebasse
Jongkuk Kim : batterie
Le vibraphoniste Simon Moullier est très demandé dans sa ville d’adoption, New York, et vous comprendrez pourquoi en écoutant ce disque. Héritier de Gary Burton, il possède cependant une approche de l’instrument qui lui est propre et une fluidité exceptionnelle. L’ambiance générale est au swing, voire même au swing pêchu. Le son est compact et, dans les morceaux rapides, l’auditeur aura l’impression d’être face à une machine de guerre que rien n’arrête. Nourri de compositions personnelles et agrémenté de deux standards revus et corrigés (un magnifique « You go to my head) », le disque est un exemple parfait de virtuosité contrôlée, seul moyen pour qu’à l’écoute seule la musique demeure, et il est passionnant de bout en bout. L’interaction entre les musiciens est remarquable et la musicalité de l’ensemble est de même nature. Un beau disque que vous ne devriez pas manquer d’écouter.
https://www.simonmoullier.com/
Stunt Records
Mikkel Ploug : guitare
Mark Turner : saxophone ténor
Jeppe Skovbakke : contrebasse
Sean Carpio : Batterie
Mikkel Ploug et Mark Turner jouent ensemble depuis une douzaine d’années. Comme le guitariste connaît également bien le contrebassiste et le batteur, l’on s’aperçoit dès les premières notes que l’on a affaire à un de ces disques que l’on écoutera régulièrement. De plus, en faisant le pari de réarranger des pièces classiques, notamment du compositeur Bent Sørensen (1958), mais également de Carl Nielsen (1865-1931) et Valentin Sylvestrov (1937), le guitariste aborde des musiques nouvelles auxquelles il ajoute des pièces écrites par ses soins. L’ensemble va de la respiration méditative au souffle ample et vif. Dans ce jazz contemporain, Mark Turner s’épanouit et fait parler sa sensibilité créative, sa fluidité complémentaire à celle de Mikkel Ploug. Cérébral sans excès, cet enregistrement aux vastes paysages (qu’il nous a plu de ressentir aqueux) emporte l’auditeur dans un univers dont la finesse d’invention se révèle évidente, presque simple. La rythmique étant au diapason des deux leaders, l’unité du quartet est patente et elle permet une exploration très aboutie des thèmes joués. Recommandé.
Sortie digitale seulement
Samo Salamon : guitares, banjo, basse, moog, synthés, piano
Asaf Sirkis : batterie
Samo Salamon est hyperactif. Qui plus est, il ne manque jamais d’imagination et aime à changer de partenaire. Cette fois-ci en duo avec le batteur israélien Asaf Sirkis, il invente une autre forme musicale hybride au sein de laquelle il prend plaisir à changer la couleur en regard des instruments qu’il utilise. On croise, fait assez rare pour être signalé, un banjo, instrument plus généralement réservé au style americana (pour faire simple). Certains morceaux relèvent de la recherche en cours, d’autres, plus mélodiques, possèdent des sonorités pop et folk. Dans tous les cas, la musique créée par les deux artistes est agréable à écouter. Elle permet un voyage imaginaire aux textures variées. Quand vous saurez que le batteur Asaf Sirkis a enregistré trente minutes d’improvisation sur laquelle Samo Salamon s’est basé pour écrire ses thèmes (on inverse les habitudes), vous comprendrez que ces deux-là aiment les challenges. Le résultat est à la hauteur de leur talent. Il est juste dommage que l’album ne soit disponible qu’en digital. Mais cela ne devrait pas vous empêcher de l’écouter.