PHIL HAYNES – CODA(s) . No fast food III

Corner Store

Dave Liebman : saxophone, flûte, cloches
Drew Gress : contrebasse
Phil Haynes : batterie, gong, etc

Amis de la poésie, il serait dommage que vous passiez à côté de ce très (très) beau disque. Phil Haynes, accompagné de deux légendes, Dave Liebman et Drew Gress, va vous embarquer dans un univers, le sien, ou le tangible et le divinatoire se caresse le poil et accouche d’une musique intrinsèquement belle et évocatrice. Pas une note à jeter, de l’espace et des résonances, du silence entre les sonorités, de la densité et une myriade d’idées, une once d’humour, de quoi émouvoir les carapaces auditives les plus résistantes, croyez-nous. Ajoutez à cela un art de la sortie de route (des décennies de travail) et une musicalité rare, des personnalités fortes, et vous obtenez ce trio de maîtres improvisateurs ès jazz. Comme c’est écrit dans le titre, ce n’est pas du prêt à consommer malaxé à la chaîne. C’est de la cuisine maison, savoureuse et hautement indispensable, faite avec amour par des musiciens essentiels. On se demande pourquoi vous ne l’avez pas encore acheter.


https://www.philhaynes.com/


  GREG LAMY, FLAVIO BOLTRO . Letting go

Igloo Records

Greg Lamy : guitare
Flavio Boltro : trompette
Gautier Laurent : contrebasse
Jean-Marc Robin : batterie

Voici un quartet qui débute son disque avec un son un tantinet rock grâce à la guitare de Greg Lamy et une rythmique bien présente avant de revenir à quelque chose de plus jazz flirtant tout de même avec la pop. On ne s’en plaint pas, on aime bien la découverte. Le guitariste et le trompettiste portent ensemble des mélodies bien ficelées ne manquant pas d’allure. L’humeur générale est au lyrisme et quelques beaux crescendo surviennent de manière régulière. Nous avons noté une belle intro en solo sur le cinquième titre (qui recèle également un solo de contrebasse bien senti), des ambiances plutôt homogènes qui définissent un style, un savoir faire évident, au final de quoi réaliser un bon disque de jazz contemporain, bien enregistré qui plus est. Le quartet est efficace d’un bout à l’autre de l’enregistrement et l’ensemble est agréable à écouter. A vous de voir.


https://www.greglamy.com/


  PAT METHENY . Dreambox

Modern Recording - BMG

Pat Metheny : guitares

Encore un Pat Metheny. Est-ce bien raisonnable ? On doit flirter avec la cinquantaine de disques maintenant. Et vous savez quoi ? Il a eu bien raison d’aller fouiller dans ses dossiers, le gars. Ces neuf pépites minimalistes sont d’une douceur propice à la rêverie. Bien évidemment, elles lui appartiennent jusque dans la moindre résonance (la patte du Pat est inimitable) et l’on est fort agréablement surpris de laisser avoir comme ça, une fois de plus. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a encore de la ressource. Un toucher de velours qui évoque une musicalité quasi acoustique, des mélodies grandes ouvertes sur les paysages typiques de son univers, c’est la recette infaillible de cet album à part dans la discographie pléthorique du guitariste. Deux pistes, une pour les harmonies et une autre pour la mélodie et l’improvisation, constituent un ensemble cohérent d’une grande douceur. Pas une note de trop, juste de la musique. Si la box en jargon jazz est une guitare a corps creux, Dreambox, le titre de l’album est bien selon nous une boîte à rêves.


https://www.patmetheny.com/


  SIENNA DAHLEN & BILL COON . Balladextrous

Cellar Music

Sienna Dahlen : voix
Bill Coon : guitare

Des standards, une voix, une guitare, le minimum pour jouer du bon vieux jazz dans une ambiance cosy et souvent, c’est un must. Sienna Dahlen et Bill Coon se sont payé ce luxe, celui de l’intimisme musical. Dans cet espace où toutes les cordes sont musicales et portent leurs voix, le choix des titres revêt une réelle importance et, dans cet album, aucune erreur est commise. L’approche générale est à la simplicité apparente bien qu’il arrive qu’ici et là la chanteuse s’amuse à dériver autour du titre convoqué, histoire de dire que même dans ce petit format, façon écrin, les portes s’entrouvrent à la fantaisie quand les musiciens le souhaitent. La voix et la guitare jouent quelquefois au chat et à la souris mais, le plus souvent, elles avancent de concert en s’entrelaçant dans le clair obscur des ballades interprétées. Peu à peu l’auditeur se love dans la douceur et se laisse aller. C’est le moment choisi par le duo, histoire de lui rappeler que le monde existe, pour sortir de son chapeau un dernier morceau up tempo (mais pas trop) en clin d’œil bienvenu et bien senti. La boucle est bouclée et vous aurez très possiblement envie de recommencer l’écoute.


https://www.siennadahlen.com/
https://www.billcoon.com/