MICHELLE LORDI . Two Moons

Imani Records

Michelle Lordi : voix
Orrin Evans : piano
Eric Revis : contrebasse
Nasheet Waits :batterie

Invités
Matthew Parrish : conrebasse (4.5.6.7)
Caleb Wheeler Curtis : saxophone soprano (1.6.7.8.10)

Nous n’avions pas encore écouté Michelle Lordi, mais vu les musiciens qui l’accompagnent sur ce disque, on se demande encore pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ! Aux frontières des genres, avec une option forte pour le jazz contemporain explorateur, la chanteuse développe des univers qui lui sont très personnels. En toute occasion expressive, qu’elle aborde un standard ou une reprise issue de la pop, elle trouve le moyen de nous aimanter. La musique qu’elle et ses musiciens transcendent peut-être hypnotique, d’une densité impressionnante et toujours captivante. Le détournement de la chanson de Neil Young Only love can break your heart, en est un parfait exemple. Alternant tension, lâcher-prise, et relâchement avec un art consommé de la nuance, elle impose sa vision en accord avec la liberté qu’elle laisse à ses accompagnateurs. Tout, d’un bout à l’autre du disque, est musical et profond. Ajoutez à cela la diction claire de la chanteuse, le grain dans sa voix, et vous avez un disque à ne pas rater.


https://www.michellelordi.com/


  ANDREAS SCHAERER / KALLE KALIMA . Evolution

Act Music

Andreas Schaerer : chant
Kalle Kalima : guitare
Tim Lefebvre : basse

Andreas Schaerer est connu pour sa virtuosité vocale et son goût pour les bordures. Kalle Kalima, lui, l’est pour son approche particulièrement originale de la guitare et un sens aigu de la mélodie. Accompagné par l’iconique Tim Lefebvre à la guitare basse, ils ont enregistré ce disque assez inclassable. Par l’atmosphère, peut-être pourrait-on le mettre dans une case correspondant à l’esthétique seventies d’une pop vagabonde et introspective. Mais le traitement de la dite musique est bien contemporain. Sur les trames jouées par le guitariste et le bassiste, Andreas Schaerer impose sa voix, sont chant parlé, ses vocalises, son art du Beat boxing et un constant lyrisme. Il se permet même d’imiter un instrument avec un naturel désarmant. Kalle Kalima, sur certains titres, laisse parler sa veine folk et c’est tout simplement parfait. Tim Lefebvre soutient ses collègues avec une permanence sans faille, se tenant à l’écoute et apportant sa propre personnalité musicale pour augmenter encore la pertinence du trio. Musical en diable, cet album est une petite merveille de sensibilité, une histoire aventureuse et symbiotique autour des mots et des sons, liés pour le meilleur. Un must.


https://andreasschaerer.com/


  JAVON JACKSON . With Peter Bradley, Soundtrack and original score

Solid Jackson Records

Javon Jackson : saxophone ténor
Jeremy Manasia : piano
David Williams : contrebasse
Charles Goold batterie
Greg Glassman :trompette (4.8.10.11.13.14.16)
McClanty Hunter : batterie (3.5.9.12)

Ancien des Jazz Messengers d’Art Blakey, de 1987 à 1990, le discret Javon Jackson poursuit sa route et, avec ce disque écrit pour un documentaire sur le peintre abstrait Peter Bradley, né en 1940 et méconnu chez nous, il offre aux auditeurs un bain de post bop fort agréable à écouter. Sa sonorité chaude et rugueuse se suffit à elle-même et véhicule un art du jazz qui s’est un peu perdu de nos jours. De légères références à Coltrane, Mingus, Clifford Brown ou encore Max Roach, apparaissant dans le disque et c’est une volonté du saxophoniste qui savait que ces musiciens-là étaient appréciés par le peintre. Pour le reste, il s’est laissé nourrir par la peinture en l’illustrant à sa façon. Pour tout dire, c’est réalisé de fort belle manière et chacun des musiciens fait sa part en tutoyant l’excellence. C’est néanmoins la forte identité du saxophoniste qui emporte l’adhésion. Il n’en fait jamais trop et chaque note de ses soli est pesée, soupesée, au service d’un jazz redoutable de swing et d’efficacité. De la belle ouvrage que nous vous conseillons, tout comme le travail du peintre (lien ci-dessous).


https://javonjackson.com/
https://karmakarma.org/artists/peter-bradley/


  LANDGREN / WOLLNY / DANIELSSON / HAFFNER . 4 Wheel Drive II

Act Music

Nils Landgren : trombone, chant
Michael Wollny : piano
Lars Danielsson : contrebasse, violoncello & guitare (5)
Wolfgang Haffner : batterie

Ce quartet Germano-suédois est une sorte de all-stars européens constitué par quatre fortes personnalités du jazz. Ils donnent à ouïr quelques uns de leurs morceaux et cinq reprises empruntées aux catalogues de Paul Simon, Genesis, Sting, et même Elton John. Ils le font avec brio et inventivité, mais le contraire aurait été inattendu. Nils Landgren chante beaucoup et donc une couleur pop marquée. Heureusement, de temps à autre, les quatre musiciens digressent avec subtilité sur certains des thèmes qu’ils s’approprient, notamment une version du Sound of silence de Paul Simon plutôt réussie. Il nous a cependant semblé que l’ensemble était un peu trop sage et convenu. Nous aurions aimé un peu plus d’allant, de folie même. Il n’en demeure pas moins que c’est un album très écoutable, ne serait-ce que pour la valeur des intervenants. Nous restons sur notre faim, mais d’autres trouveront de quoi les ravir.


http://www.nilslandgren.com/