Février ou un de début de mois chargé en nouveautés. Un peu trop d’ailleurs, ce qui nous oblige à faire des choix...
Les rivières souterraines
Pierre-François Blanchard : piano
Thomas Savy : clarinette, clarinette basse
Avec ce duo piano/clarinettes, l’esthétique globale du disque se situe quelque part entre la musique classique et le jazz de chambre. Fort heureusement, les lignes entre l’écriture et l’improvisation entretiennent un flou bienséant qui empêche l’auditeur de se reposer sur quelque certitude que ce soit. Toujours finement ouvragé, sculpté, chaque titre porte sa part de surprise et les ambiances intimes s’expriment aussi bien dans la douceur apaisée que dans un expressionnisme dense, quelquefois sombre, et proche de l’éclatement car il y a dans la musique du duo une forme certaine de romantisme (au vrai sens du terme). Il y a également une connivence absolue entre les deux artistes qui élève leur propos en des lieux insoupçonnés de la création musicale. Ce disque à une part de jazz, on le redit, mais dans sa forme ultime, c’est déjà à notre humble avis un classique hors genre. A écouter bien évidemment et à classer dans la catégorie « l’art du duo » avec quelques autres pépites, de celles qui ne prennent pas la poussière sur les étagères.
https://www.pierrefrancoisblanchard.com/
Autoproduction
Marco Mezquida : piano, claviers
Martin Meléndez : violoncelle
Aleix Tobias : batterie, percussions
On parle beaucoup de ce pianiste hyperactif et somme toute kaléidoscopique tant il mêle les influences dans une sorte de creuset dont il extrait des formes musicales qui lui sont propres. Avec son trio (c’est leur troisième disque), il est capable d’exceller quelque soit le choix esthétique prédéfini et c’est en soi une gageure, un pari qu’il relève avec aisance. C’est lyrique, c’est virtuose (c’est fou le nombre de virtuoses qu’il y a sur cette terre), c’est éclectique, très, et jamais ennuyeux car le trio est à même de briser les codes au sein d’un morceau avec une jubilation certaine. Si l’on cherche un fil conducteur entre les titres, on comprend rapidement que c’est le syncrétisme entre les facettes multiples du jeu du pianiste qui prime. En écoutant ce disque dédié par le pianiste à son fils, il faudra vous attendre à l’inattendu, et le plus surprenant sera cette impression d’homogénéité qui émane de l’ensemble. A découvrir donc, pour de multiples raisons…
Gaya Music
David Prez : saxophone ténor
Vincent Bourgeyx : piano
Yoni Zelnik : contrebasse
Philippe Soirat : batterie
Troisième album de ce quartet emmené par le batteur, On the spot (sur le vif) fait référence à un propos de Sonny Rollins sur sa façon de jouer le jazz. Et c’est bien ce que l’on écoute avec ces quatre musiciens qui se connaissent mieux que bien, un jazz vif et réactif où chacun peut donner le meilleur de soi au profit d’un collectif particulièrement bien huilé. Miles, Mingus, Shorter, Andrew Hill, Sam Rivers, font pour l’essentiel la playlist. Ajoutez un morceau de Gilles Naturel, deux gouttes de Philippe Soirat et vous avez une galette hard bop grande époque, revue et corrigée par le quartet. Que cela carbure ou que cela se balade (avec Mingus), c’est toujours juste. Philippe Soirat à l’intelligence de ne pas envahir l’espace et, avec ses collègues, il forme un quartet abouti qui délivre un jazz de haute volée apte à séduire le plus grand nombre. Cela devrait suffire à vous convaincre.
https://www.philippesoirat.com/
Astérie
Adrien Sanchez : saxophone
Maxime Sanchez : piano
Florent Nisse : contrebasse
Gautier Garrigue : batterie
L’amour, toujours l’amour. In the mood for love selon le film de Wong Kar Wai et, plus précisément, sa bande originale (réarrangée par le quartet) qui sert de support créatif au cinquième album du quartet Flash Pig. Ne connaissant ni le film, ni la B.O (et alors ?), nous nous sommes contentés d’écouter la musique de cette jeune garde du jazz hexagonal. Cela ne manque pas d’ambiance, c’est très jazz, avec ce qu’il faut d’échappées aventureuses et de citations bien senties. Les quatre musiciens se connaissent parfaitement, l’interplay fonctionne donc à plein. Ici ils collent à leur sujet, là ils le déconstruisent savamment et, en toute occasion, ils apportent une touche personnelle, leur disque est au final original. Comme ils sont en outre arrivés à une maturité technique classieuse, c’est toujours la musique qu’il privilégie en lieu et place du clinquant. Cela vous donne bien assez de raisons pour l’écouter et l’apprécier à sa juste valeur, cette dernière n’étant pas moindre.
https://www.facebook.com/FlashPigQuartet