FRANK CARLBERG LARGE ENSEMBLE . Elegy for Thelonious

Sunnyside communications

Frank Carlberg : direction, compositions
Sam Hoyt, John Carlson, David Adewumi, Kirk Knuffe ; trompette, cornet
Brian Drye, Chris Washburne, Tyler Bonilla, Max Seigel : trombone, trombone basse
Nathan Reising, Jeremy Udden, Adam Kolker, Hery Paz, Andrew Hadro : saxophone alto, ténor et Baryton, flûte, clarinette, clarinette basse, lyricon
Leo Gebovese : piano, claviers
Kim Cass : basse
Michael Sarin : batterie
Christine Correa, Priya Carlberg : voix

Grand admirateur de Thelenious Monk (il n’est pas le seul), le pianiste finlandais, installé aux États-Unis depuis une trentaine d’années, nous offre un disque remarquable où il propose un hommage tout à fait original au maître. Ses compositions sont un prétexte au développement de thèmes au sein desquels les références s’enchevêtrent avec le matériau original qui est le sien. L’ensemble est empli de textures richement ouvragées et le souci apporté au détail vous paraîtra crucial. Cet ensemble d’une vingtaine de musiciens, tous indispensables au fonctionnement du projet, jouent de manière presque ludique avec les bordures. Ne vous attendez donc pas à écouter un big band de jazz vintage car cette formation est bien une formation contemporaine qui sait se mouvoir avec les techniques d’écriture impressionnantes du compositeur dans une unité de ton elle aussi époustouflante. Le disque est sans concession et la vision musicale de Frank Carlberg une création musicale kaléidoscopique se référant à Monk et que ce dernier n’aurait pas reniée tant elle avance sans peur sur un chemin aussi ardu qu’envoûtant. Un enregistrement indispensable à toute cédéthèque qui se respecte.


https://frankcarlberg.bandcamp.com/


  CORNELIA NILSSON . Where Do you go ?

Stunt Records

Cornelia Nilsson : batterie
Aaron Parks : piano
Daniel Franck : contrebasse
Gabor Bolla : saxophone ténor

Enregistré en deux sessions distinctes, l’une avec Aaron Parks au piano, l’autre avec Gábor Bolla, saxophoniste hongrois, le premier disque en leader de Cornelia Nilsson Where Do You Go ? Se joue des contrastes comme d’autres des aléas du quotidien. Fichtrement inspirée, la jeune batteuse mène ses deux trios avec une fougue joyeuse et maîtrisée. Trentenaire, elle sait déjà tout de son instrument et ses accompagnateurs n’ont qu’à bien se tenir. Vu leur niveau, ils se tiennent mieux que bien. La playlist pique un titre qui secoue les neurones à Ornette Coleman, trois autres à Bud Powell, Brooks et Monk, le reste des compositions sont de la main de la batteuse. Sur le disque, les deux trios alternent et cela ne dérange en rien l’écoute tant cela semble naturel (étonnant tout de même). D’un côté la subtilité d’Aaron Parks, de l’autre l’énergie souriante et légèrement foutraque de Gabor Bolla, et le tout forme un disque épatant qui place Cornelia Nilsson dans la catégorie des musiciennes à suivre de très près.


https://www.facebook.com/annalovisacornelia/


  LYNNE ARRIALE . Being human

Challenge Records

Lynne Arriale : piano, clavinova, compositions
Alon Near : contrebasse
Likasz Zyta : batterie

C’est le dix-septième album de cette pianiste américaine, fort méconnue chez nous sinon de quelques aficionados dont nous sommes et qui prennent un évident plaisir à découvrir chaque nouveau disque qu’elle fait paraître. Son discours lyrique est reconnaissable à la poésie qui le traverse. C’est assurément une voix singulière dans le monde du piano jazz et l’on retrouve dans ce nouvel opus tous les attributs du jeu qui la caractérisent : des mélodies imparables (de celles que l’on retient), une amplitude de jeu qui demande à ses accompagnateurs une attention soutenue, une aptitude à insérer des audaces tonales dans ses phrases et un sens aigu du swing qui sous-tend l’ensemble de ses compositions. Ce disque recèle une cohérence profonde dans laquelle s’insère une beauté fragile toujours nourrie d’une authenticité sans fard. La musique de « Being human » est comme toujours ciselée et les détails presque imperceptibles qui la composent sont une source de plaisir pour tout auditeur aimant la délicatesse et la précision. Si à ce jour vous ne connaissiez pas Lynne Arriale, il est grand temps de réparer cet oubli. Vos oreilles vous remercient par avance.


https://www.lynnearriale.com/


  STEPHEN PHILIP HARVEY . library card

Hidden Cinema Records

Stephen Philip Harvey : saxophone ténor et soprano
Max Murray : contrebasse
Jordan Stanley : batterie

Nous, on aime beaucoup les trios saxophone / contrebasse / batterie et celui du jeune saxophoniste américain ne nous fait pas changer sur le bien-fondé de cette formule. Souvent dans le mid-tempo à une ou deux exceptions près, cet album bien assis sur son jazz classique nous fait découvrir un saxophoniste et une rythmique qui partage volontiers un art du discours fait de finesse et de musicalité. Vous n’y trouverez aucune débauche d’énergie propre à soulever les foules en public. Par contre, l’intimisme de la formule érigé ici en mantra par les trois protagonistes nous permet d’écouter une musique passionnante, faite de lignes sinueuses et jamais absconses, propulsés par un contrebassiste et un batteur complices. Quelques tensions, ici et là finement brodées, attisent l’attention de l’auditeur quand ailleurs la musique se développe avec décontraction. Lunar Lullaby, une superbe ballade, achève de nous convaincre que l’on tient là une des ces formations discrètes qui ne franchiront certainement pas l’Atlantique (hélas) mais qui méritent notre écoute tant la musique est belle. Ce serait dommage de vous priver.


https://www.stephenpharvey.com/