FRANCOIS DE LARRARD / MATHIEU BEC . Floating

Mazeto Square

François De Larrard : piano
Mathieu Bec : batterie

Un disque habité par ses musiciens, c’est comme une évidence, un truc qui ne s’explique pas (ou peu) mais qui s’entend dès les premières notes. François De Larrard et Mathieu Bec nous font ce coup-là ; leur musique capte l’auditeur, quitte à le rendre captif, et l’emporte avec elle sur des chemins de traverses qui n’ont rien d’obscur. Nourris de mélodies simplement accrocheuses qui se distendent au gré des envies musicales du duo, ces chemins improvisés, amateurs de bordures (l’herbe des talus selon Jacques Réda), ne manquent jamais d’âme tant les histoires qui les parcourent sont riches de variété. Si les deux membres du duo possèdent des caractéristiques communes, ils ont aussi en propre une personnalité affirmée et c’est bien la rencontre de ses deux sensibilités qui donne à ce disque organique tout son intérêt. Pas un instant d’ennui à l’écoute tant le partage musical est fructueux, pour eux comme pour nous. A découvrir impérativement.


http://francoisdelarrard.chez-alice.fr/
https://matbec.simdif.com/


  EMILE PARISIEN QUARTET. Let them cook

Act Music

Emile Parisien : saxophone alo, effets
Julien Touéry : piano
Ivan Gélugne : contrebasse
Julien Loutelier : batterie, électronique

Originellement acoustique, ce quartet quasi iconique de 20 ans d’âge a choisi d’intégrer de l’électronique dans sa musique et cela fonctionne très bien. L’esprit du groupe demeure et sa gouaille humoristique se lit dans le titre des morceaux comme elle s’entend dans les pavillons. Les ambiances se succèdent sans heurt et la narration est toujours maîtrisée, ce qui n’étonne personne de la part de quatre musiciens qui se connaissent sur le bout des doigts. Il y a de la tension sur certaines pièces, une tension qui offre des dramaturgies où s’entremêlent la vélocité, l’énigmatique, des profondeurs singulièrement oniriques, une forme d’ironie en mode « sales gosses » et un goût prononcé pour la valse des étiquettes à force d’atmosphères changeantes. Toujours d’une grande musicalité, le quartet arrive à partager de l’émotion brute en brassant des paysages sonores séduisants à l’oreille et qui sont pour ainsi dire sa marque de fabrique, celle d’un quartet qui ne refuse pas l’obstacle, toujours prêt qu’il est à évoluer.


https://emileparisien.fr/


  TOM OLLENDORFF & FABRICE TAREL 4tet London vibes . Suite for freedom

Tetrakord

Tom Ollendorff : guitare
Fabrice Tarel : piano, compositions
Christophe Lincontang : contrebasse
Marc Michel : batterie

Fabrice Tarel s’est associé avec une des meilleures rythmiques rhônalpines et le jeune guitariste anglais qui monte, Tom Ollendorff, pour concocter un disque qui lui ressemble. En soi, c’est une bonne chose d’avoir un style à soi, non ? La musique du pianiste possède l’épaisseur de son lyrisme souple et serpentin. Sa rythmique, elle aussi toute de souplesse, est précise et chantante, une base sur laquelle le très musical guitariste anglais et le pianiste s’appuie pour conter de belles histoires contemporaines au background définitivement jazz. D’une pièce à l’autre, le quartet excelle dans l’art de la narration suggestive et, si les lignes empruntées sont toujours claires, il sait générer une sorte de flottement musical qui place la musique dans des paysages sonores suffisamment vastes pour que l’imaginaire de l’auditeur se repaisse grandement. Dans cet univers ondoyant, chacun des instrumentistes est indispensable à la cohérence du projet. Comme ils se connaissent bien et savent s’écouter, cela fonctionne parfaitement. Beau disque.


https://fabricetarel.com/
https://www.tomollendorff.com/


  FRANCESCO CROSARA . Circular Motion

OA2 Records

Francesco Crosara : piano, synthétiseur
Clipper Anderson contrebasse (2,4,5,8)
Farko Dosumov : basse (1,3,7,9)
Osama Afifi : basse (6,10)
Mark Ivester : batterie (2,4,5,8)
D’Vonne Lewis : batterie (1,3,7,9)
Xavier Lecouturier : batterie (6,10)

Si Francesco Crosara vit à Seattle depuis longtemps, il n’en est pas moins milanais de naissance. Et vous le savez, les musiciens italiens ont ce truc avec la mélodie qui n’appartient qu’à eux et qui interpelle l’auditeur à tout coup. C’est comme ça et vous l’entendrez dans ce beau disque où le pianiste joue, selon les morceaux, avec trois rythmiques différentes dont deux où la contrebasse est remplacée par la basse électrique. Les dix compositions que les trios interprètent ont été écrites au long des quarante années passées et l’on note d’emblée que Francesco Crosara est fidèle à son esthétique initiale, ce qui n’est pas un reproche. Riches de textures harmoniques, elles possèdent un swing aussi imparable que le lyrisme transalpin qui s’en dégage naturellement. Il y a bien évidemment dans ces triangles classiques de la place pour les soli, juste assez pour ne pas lasser, et l’ensemble demeure parfaitement homogène et toujours inspiré d’un bout à l’autre de l’enregistrement. Pour finir de vous convaincre, nous avons trouvé que cette musique avait une forme d’élégance à la Hank Jones (période The Great Jazz Trio, notamment le disque « Chapter II »).


https://www.francescojazz.com/