JOHN ESCREET . The epicenter of your dreams

Blue Room Music

John Escreet : piano
Mark Turner : saxophone
Eric Revis : contrebasse
Damion Reid : batterie

On trouve dans ce nouveau disque de John Escreet le trio de « Seismic shift » (2022) qui convie pour l’occasion l’un des plus grands improvisateurs de sa génération, nous avons nommé : Mark Turner. D’entrée de jeu, c’est l’énergie déployée qui nous a frappés, tout comme nous a séduit la superbe cohésion entre les membres du quartet. Du jazz contemporain comme celui-ci, on en redemande. Mark Turner est impérial et chacune de ses interventions relève de la grâce faite saxophone. La rythmique (épatant Eric Revis) tient la baraque et semble vouloir pousser le leader et son invité dans leurs retranchements. Ils n’ont pas besoin de cela pour être eux-mêmes et déployer une musicalité hors pair. Les moments d’accalmie ne changent rien à la donne, la densité et l’inventivité sont au rendez-vous. Sur toutes les compositions, qu’elles soient de John Escreet, du quartet ou d’Andrew Hill ou encore de Stanley Cowell, l’unité générée par ce groupe au service de la musique est plus qu’impressionnante. C’est ce que l’on appelle « une tuerie » et vous ne manquerez pas de vous jeter dessus.


https://www.johnescreet.com/


  POULSEN / LUNDIN / DABROWSKI

BMC Records

Hasse Poulsen : guitar, arco mando-guitare
Fredrik Lundin : saxophone ténor
Tomasz Dabrowski : trompette

Hasse Poulsen tient plus de l’électron libre que de l’iconoclaste mais, où que le dirige ses désirs musicaux, il s’arrange pour ces derniers soit originaux. Le plus grave est bien évidemment qu’il réussit ses paris à tous les coups. Dans ce trio inédit qui voit une alliance dano-polonaise inventé un monde musical particulier dont les états d’âme se succèdent, fruits d’imaginaires féconds, en une suite inspirée qui va de la rébellion détonante et free jusqu’au folklorique et au presque sacré, entre douceur et rugosité, les trois solistes associés développent harmonieusement des improvisations toujours mélodiques. Faire de la place à la simplicité est difficile, n’est-ce pas ? Dans une époque où tous les musiciens sont virtuoses ou presque et pétris de savoirs encyclopédiques les éloignant souvent de l’essentiel, Hasse Poulsen, Fredrik Lundin et Tomasz Dabrowski se consacrent à l’essence de la musique ; ils s’écoutent, se lient et délient, au gré des besoins du thème en cours, avancent dans la même direction et donnent à l’auditeur, de surprises tonales en rebondissements stylistiques, de quoi nourrir ses oreilles avec bonheur par l’éventail des possibles offerts.


http://www.poulsen.fr/


  MIKE MONFORD . The Cloth I’m Cut From

Auto production

Mike Monford : saxophone alto, spoken words, arrangements
Pam Wise : piano, claviers
William Hill : piano, Fender Rhodes
Jaribu Shahid : basse
Tariq Gardner : batterie
Kevin jones : percussions
Allen Dennard : trompette
Calvin Taylor : saxophone ténor
Bebe Sewell, Xavier Gillium : violon

Invité : MC Napi Devi

Saxophoniste et historien du jazz, Mike Monford est également un enseignant très impliqué dans sa communauté et il en est ainsi depuis une trentaine d’années dans sa ville de Detroit. Ce disque enregistré en public dans un des clubs mythiques de la ville, le Cliff Belle, est considéré par le leader comme une autobiographie musicale. Si les titres s’étirent sur la durée (jusqu’à vingt minutes), ils ne sont jamais ennuyeux, loin s’en faut. Deux sont de la main du leader, les autres sont de Lee Morgan, Jackie McLean et Abbey Lincoln. L’ancien élève de McLean et Yusef Lateef, il démontre dans ce Cd sa capacité à fédérer autour de lui les énergies complémentaires ; sa musique fait la part belle au rythme, à la mélodie, à la spiritualité, le tout est propulsé par des percussions afro-latines propres à embarquer n’importe quel auditoire. Son groupe intergénérationnel est un bel exemple de transmission des savoirs et ce que l’on écoute avant tout de ce disque fraternel, c’est une musique fluide et ouverte, chaleureuse, dans laquelle chacun des intervenants à l’espace nécessaire pour s’exprimer. A découvrir.


https://www.mikemonfordmusic.com/


  DAS KAPITAL . One must have chaos inside to give birth to a dancing star

Label bleu

Daniel Erdmann : saxophone
Hasse Poulsen : guitare
Edward Perraud : batterie

Sortie le 24 Mai 2024

Das Kapital, le retour. L’ovni musical germano-dano-français aux tendances trublionnesques que l’on écoute depuis un sacré bout de temps maintenant publie un nouvel album qui tranche avec les précédentes productions. Beaucoup plus sombre, pour tout dire, à l’image de notre temps ? Quoi qu’il en soit, l’intime connexion musicale entre les membres du trio est plus que jamais là pour magnifier leur musique dans cette esthétique (un peu sépulcrale) qui fleure bon l’incertitude et l’enténèbrement. Souterraine et organique à bien des égards, elle distend la temporalité en imposant des rythmiques souvent obsessionnelles qui sont probablement proches du chaos et de la gestation de l’étoile dansante évoqués dans le titre de l’album. Pour avoir la réponse, Relisez « Ainsi parlait Zarathoustra » ou laissez-vous immerger dans cette somme musicale, très poétique, riche d’un lyrisme qui ne cache pas ses failles. Cela vous fera le plus grand bien.


http://www.das-kapital.com/