encore une sélection de nouveaux disques qui privilégie la diversité du jazz
Cuneiform Records
Larry Ferguson : batterie
Luke Stewart : basse
Anthony Pirog : guitare
Sarah Hughes : saxophone alto
Brian Settles : saxophone ténor
Janel Leppin : violoncello, piano
Enregistré en une journée en studio, le jazz chambriste de ce nouvel opus de Janel Leppin est une somme musicale incandescente où la composition et l’improvisation sont étroitement imbriquées. Au plan orchestral, chaque morceau possède ses propres nuances mais la couleur dominante est celle de la lave. Dans cet album, tout est affaire de densité. Mâtinée de rock, la musique opère dès la première écoute par son aspect mélodique couplé à des envolées plus aventureuses et éprises de liberté qui bousculent l’auditeur, mais uniquement pour le meilleur. Elle intrigue, elle heurte, elle séduit et jamais ne lasse tant la variété des angles d’approche est foisonnante. Les musiciens qui l’accompagnent baignent tous dans l’avant-garde et leur complémentarité est en soi une des armes de cet enregistrement particulièrement expressif où chacun tient sa part de vérité au service d’un collectif musical réellement intense. Le groupe Volcanic Ash est une machine bien huilée qui s’intéresse plus à l’interaction qu’à la virtuosité. Ses grilles sont inspirées et les soli tous nécessaires et emprunts d’une beauté souvent sidérante parcourant l’entièreté d’un album qui se démarque aisément par son originalité.
Savant Records
Louis Hayes : batterie
Abraham Burton : saxophone tenor (sauf 8)
Steve Nelson : vibraphone (sauf 4)
David Hazeltine : piano
Dezron Douglas : contrebasse
Ah vous voulez du jazz ?! L’inusable batteur originaire de Detroit Louis Hayes (1937) est là pour vous. Entouré de jeunes et de moins jeunes (le toujours impeccable Steve Nelson au vibraphone) il offre à vos oreilles ce qu’il sait le mieux faire : du Hard Bop. Sur cet enregistrement, il signe deux compositions et reprend Charlie Parker, John Lewis ou encore Bobby Troup. Malgré l’âge, son poignet n’a rien perdu de son élasticité, ni de sa légèreté. Il drive sa troupe d’une main de maître sans en faire trop. Si solo il y a, ce n’est jamais tonitruant, ce qui nous va bien. Ses collègues sont au diapason et chaque morceau permet aux solistes d’exprimer leurs personnalités. C’est du jazz qui swingue, quoi. Mais du bon. N’oublions tout de même pas que le gars a joué avec Horace Silver, Cannonball Adderley, Oscar Peterson, Dexter Gordon, Grant Green, Kenny Burrell, Cedar Walton, Sonny Rollins, Woody Shaw et on en passe un paquet d’autres. C’est une légende (NEA Jazzmasters 2023), un survivant d’une époque qui révolutionna un tant soit peu les codes musicaux du jazz en l’emmenant vers plus de modernité. Qui plus est, il est modeste et très sympathique. Pourquoi se priver ?
Mons Records
Tobias Hoffmann : direction
Florian Trübsbach : saxophones alto et soprano, flûte et Clarinette
Patrick Dunst : saxophones alto et soprano, flûte et Clarinette
Robert Unterköfler : saxophones ténor et soprano Saxophone, flûte et Clarinette
Martin Harms : saxophone ténor, clarinette basse, flûte et Clarinette
Jonas Brinckmann : saxophone baryton et clarinette basse
Maximilian Seibert, Sebastian Burneci, Florian Menzel, Gerhard Ornig, Jakob Helling : trompettes et bugles
Simon Harrer, Daniel Holzleitner : trombone
Robert Bachner : trombone & valve trombone
Johannes Oppel : trombone basse & tuba
Vilkka Wahl : Guitare, alto, Hammer piano & synthés
Ivar Roban Krizic : contrebasse
Reinhold Schmölzer : batterie & électronique
Les big bands de jazz européens ne sont pas si nombreux, une raison suffisante pour se pencher sur celui-ci qui est porté par le saxophoniste et compositeur allemand Tobias Hoffmann. Si l’on excepte celui de Kathrine Windfeld au nord (époustouflant), c’est surtout en Allemagne qu’on en trouve, notamment grâce aux radios. Quelques exemples existent en France mais cela reste moins important que chez nos voisins allemands. Quoi qu’il en soit, la machine musicale de Tobias Hoffmann ne manque pas d’intérêt. Nourrie d’influences diverses et variées, la musique jouée dans cet album demeure cependant une somme (somme toute) originale qui évolue dans une esthétique sans aucune lourdeur et dans une forme de classicisme actuel. C’est même plutôt aérien, pour tout dire, et l’on ne s’ennuie jamais. Si le morceau titre est un hommage assez classique au groupe Queen, d’autres compositions sont plus audacieuses, notamment dans la métrique. Les soli sont inspirés et l’ensemble, aussi éclectique soit-il, n’en est pas moins homogène. A découvrir.
https://tobiashoffmannmusic.com/
Criss Cross Jazz Records
Antonio Faraò : piano
John Patitucci : contrebasse
Jeff Ballard : batterie
Il y a longtemps que l’on a plus vu Antonio Faraò sur scène. Un hasard. Mais il existe toujours et la preuve en est ce nouvel enregistrement avec une rythmique on ne peut plus luxueuse (voir ci-dessus), mais le niveau du pianiste romain est tel que c’est exactement ce qu’il lui fallait. Virtuose inspiré et souvent énergique, il sait aussi ralentir la cadence et se tourner vers des pièces plus introspectives sans que cela nuise à la qualité de son jeu, bien au contraire. Dans ce disque souvent vitaminé, sa flamboyance mélodique et harmonique est à son zénith. Le jazz post bop qu’il propose est comme toujours vif, swinguant et ouvert sur l’expérimentation. Dans les morceaux up tempo, les trois musiciens ne mégotent pas et il faut au moins deux oreilles pour les suivre dans leurs cavalcades. Une chose est sûre et certaine, ils se font plaisir et ce sera contagieux pour celles et ceux qui écouteront ce disque. Nous aimerions bien voir ces trois-là sur scène !