Trois bonnes raisons supllémentaires d’écouter du jazz (encore et toujours...)
Odin
Espen Berg : piano, compositions
Eirik Hegdal : saxophone soprano et baryton
Kirsti Huke : voix
Sissel Vera Pettersen : saxophone alto, voix
Hayden Powell : trompette
Hanna Paulsberg : saxophone ténor
Hildegunn Øiseth : trompette, corne de chèvre
Adrian Waade : violon
Daniel Herskedal : tuba, trompette basse
Marianne Baudouin Lie : violoncelle
Rob Waring : vibraphone
Ole Morten Vågan : contrebasse
Tomas Järmyr : batterie
Hans Hulbækmo : batterie
Ce projet a vu le jour en 2016 mais le disque lui a été enregistré en 2021. La musique que l’on écoute dans cet album n’a donc pas surgi de nulle part. Elle a pris son temps, celui de la maturation, pour s’épanouir, et c’est bien ce que l’on constate dès les premières mesures. Le pianiste Espen berg commissionné pour ce nouveau répertoire a bien compris que le Trondheim Jazz Orchestra n’est pas un big band classique, c’est plutôt un orchestre de solistes. Sur cette saine base, il a composé des thèmes mélodiques à souhait qui permettent à chacun d’exprimer son potentiel, complexes aussi (pourquoi se priver, on vous le demande) et adeptes de la sortie de route, ce qui démontre par la musique que le pianiste et compositeur a parfaitement compris la versatilité native, l’art consommé du mélange des esthétiques, le goût pour les télescopages, de cette formation norvégienne qui, depuis une vingtaine d’années, ne manque jamais son but, avec virtuosité, subtilité, et une épatante fraîcheur. La musique de ce disque se déploie entre les univers avec une flagrante originalité. Comme le disait le regretté John Kelman (de son vrai nom David Binder, disparu cet été), c’est « un orchestre de grande envergure, capable de traiter tout ce qui lui est proposé ». En bref, achetez-le.
https://www.trondheimjazzorchestra.no/
Eden River Records
Kalle Kalima : guitare
Patrick Goraguer : piano
Eric Schaefer : batterie & percussions
Chris Jennings : contrebasse
Invités :
Hayden Chisholm : saxophone alto
Rachel Eckroth : voix
Voici un disque fort intéressant de par les multiples esthétiques qu’il contient, mais pas seulement. Chris Jennings emprunte à toutes les musiques qu’il a jouées de projet en projet tout au long du quart de siècle qui vient de s’écouler et crée un disque échappant à toute classification, un regard sur son passé musical en forme de best of mais avec de nouvelles compositions. L’autre point fort de l’album, c’est son luxueux line-up. Que ce soit l’inimitable guitariste finlandais, le polyrythmique batteur allemand, le pianiste français, le saxophoniste néo-zélandais ou la chanteuse américaine, tous offrent au contrebassiste canadien une musicalité inspirée s’adaptant parfaitement aux compositions du leader. Chaque titre évoque une couleur et ses irisations ; on va ainsi d’une ballade quasi folk à un moment d’improvisation collective, d’une référence africaine à un jazz moderne plus consensuel, sans jamais être perdu ni se demander où vont ces brillants lascars. Le tour de force vient de la parfaite cohésion de l’ensemble et elle est due aux talents des musiciens comme aux choix judicieux faits par Chris Jennings. L’ensemble est à écouter sans tarder.
https://www.chrisjenningsbass.com/
Enja
Franco Ambrosetti : bugle
John Scofield : guitare
Scott Colley : contrebasse
Peter Erskine : batterie
Sara Caswell : violon
Alan Broadbent : piano, direction, arrangements
et un orchestre de 29 musiciens
Pour ses 80 ans, Franco Ambrosetti avait sorti un disque avec des cordes arrangées par Alan Broadbent. Ayant constaté une certaine alchimie entre leurs univers musicaux, ils remettent le couvert avec ce nouveau Cd consacré aux ballades. Le line-up ne change pas, hormis le remplacement d’Uri Caine par l’arrangeur lui-même et l’ajout de la violoniste américaine Sara Caswell, étoile en son pays et collaboratrice des plus grands. Les vieux amis sont là. Franco Ambrosetti, même s’il aime découvrir de nouveaux talents et s’attacher leurs services, n’aime pas s’en passer. Vu leur niveau, on ne lui donnera pas tort. Un orchestre de cordes pour emballer l’affaire et le tour est joué. Vous démarrez le Cd et vous abandonnez momentanément votre espace spatio-temporel. Le velouté du bugle, les interventions toute en économie des solistes, le tapis orchestral, dont l’indispensable présence à ce genre d’exercice n’est point trop ostentatoire, vous emmène en cinémascope du côté d’une élégance aujourd’hui presque suspecte, surannée diraient certains. SI vous vous promenez dans la rue avec cette musique dans les écouteurs, posez-vous en terrasse avec un apéritif, un dry martini par exemple, et regardez autour de vous, Nelson Riddle discute avec Ella à la table à côté. La belle élégante qui fait signe au taxi jaune (le moustachu qui le conduit pourrait être Duke Jordan arrondissant ses fins de mois), c’est Audrey Hepburn. Va-t’elle rejoindre Cary Grant ou George Peppard ? C’est vous qui décidez. Ce qui sûr, c’est que la musicalité est là, que l’équilibre est parfait. Le saviez-vous ? Même les oreilles les plus aventureuses ont droit aux plaisirs coupables. Nous vous conseillons d’oser, peut-être croiserez-vous Lauren Bacall, avec ou sans Bogey.