du jazz classique et du moins classique
Aum Fidelity
Darius Jones : saxophone alto
Chris Lightcap : contrebasse
Gerald Cleaver : batterie
« Peux-tu faire une chanson pour toi ? » C’est ce qu’a demandé son thérapeute au saxophoniste et leader de ce trio qu’il faut écouter. On ne connait pas les problèmes du musicien mais on peut affirmer que son disque est une réussite. L’ombre d’Anthony Braxton plane sur ce Cd, certes, mais ce n’est qu’une réminiscence tant le jeu de Darius Jones est original. Soutenu par un contrebassiste métronomique, Chris Lightcap, et l’excellentissime Gerald Cleaver à la batterie, il met en avant une approche vivante, d’expression brute, d’une musicalité qui ne s’interdit aucune option. Itératif, tendance obsessionnelle, dans un morceau, flottant sur un fil dans un autre, furieusement souffleur un peu plus loin, mélancolique aussi, Darius Jones expose une palette aux contrastes saisissants qui en font un musicien de gros calibre, comme on dit. Sa musique est puissante, elle creuse, elle hache, elle bouscule avec une évidente sincérité. C’est un voyage en soi qui emporte l’auditeur (on a pensé à David S. Ware) vers des contrées habitées par un feu musical humain époustouflant. Indispensable.
http://www.dariusjonesmusic.com/
Bmc Records
Miklós Lukács : cymbalum
Si on nous avait dit qu’un jour on écouterait un disque de cymbalum solo, on ne l’aurait pas cru. Nous comblons ce vide grâce à Miklós Lukács (1977-), virtuose de l’instrument, et à cet album qui porte mieux que bien son nom. Il reprend des thèmes qu’il affectionne, qu’ils viennent du jazz ou de la pop et les transforme en pépites atemporelles avec une élégance, une délicatesse et une intelligence qui forcent l’admiration. Il capte notre attention dès l’entame du Cd avec le My song de Jarrett et ne nous lâche plus, nous emmenant avec lui dans un univers musical et sonore en tout point extra ordinaire (en deux mots). Miklós Lukács n’élude jamais les mélodies des titres qu’il joue. Il les pose en repères intangibles, comme point de départ de ses explorations alanguies, explorations qui utilisent toutes les ressources de son instrument et magnifient une musique qui joue sur le sensible et le tendre, sinon la mélancolie. Ne manquez pas de découvrir cet album à part dans la production discographique pléthorique qui nous assaille. Une pépite, on vous le répète.
Stunt Records
Snorre Kirk : batterie, composition
Giacomo Smith : saxophone alto, saxophone soprano
Joe Webb : piano
Anders Fjeldsted : contrebasse
Invité :
Alexander Honey Boulton : guitare (2,4,7)
Il nous a paru évident à l’écoute que lui, Snorre Kirk, batteur norvégien de son état, il a décidé que le jazz de Kansas City, c’est le jazz et point barre. Les grincheux adeptes de la nouveauté en toute chose et à tout moment diront qu’il est honteusement passéiste, les aficionados ultimes diront que c’est ça le jazz et rien d’autre, dans l’entredeux, certains penseront qu’il est atemporel et les derniers s’en foutront royalement car ils veulent juste écouter de la bonne musique. Si vous jetez une oreille sur ce disque, vous entendrez du bon jazz très bien fait et qui à l’air de n’être rien d’autre. Il nous a pourtant semblé qu’il était un peu plus que cela, une sorte de réactualisation de l’original qui revitalise l’esprit du swing avec une chaleur et un savoir-faire on ne peut plus crédible. Les musiciens présents connaissent cette musique sur le bout des doigts. C’est homogène, musical et ça swingue. A vous de voir.
https://www.facebook.com/snorrekirk/?locale=fr_FR
Stunt Records
Claire Martin : chant
Martin Sjöstedt : piano
Niklas Fernqvist : contrebasse
Daniel Fredriksson : batterie
arl-Martin Almqvist : saxophone
Joe Locke : vibraphone
Mark Jaimes : guitare
Nikki Iles : accordéon
Charlie Wood : chant
James McMillan : trompette, bugle, claviers et programmation
Nous avons déjà dit que la voix médium de Claire Martin et son beau grain ne nous laissait pas indifférents. On la retrouve dans ce nouvel album avec son trio suédois habituel et une pléiade d’invités. La playlist puise principalement dans des compositions issus de la pop et de la folk (Carole King, Tom Waits, Rufus Wainwright, pour ne citer qu’eux) auxquelles s’ajoutent notamment des thèmes originaux de James McMillan et Mark Winkler. Tout est fait avec finesse et rigueur dans cet album qui jazzifie les chansons de façon classique. Les musiciens savent faire le boulot à la perfection. Ce n’est pas inintéressant mais cela nous a paru quelquefois un peu bridé, voire trop sage. Il reste la voix de la chanteuse qui a elle seule justifie l’écoute de ce disque. A vous de voir.