Deux clubs, deux trios, deux esthétiques...

  OMAR HAKIM, Trio of Oz

  • Omar Hakim, batterie
  • Solomon Dorsey, contrebasse
  • Rachel Z, piano
  • Hot Club, Lyon, le 06 avril 2011

Il y a fort longtemps que l’on n’avait vu Omar Hakim sur une scène lyonnaise. L’ancien batteur de Sting, du Weather Report, de Peter Gabriel, etc, était donc sous la voûte du Hot Club en trio avec Rachel Z (Mike Mainieri, Al Di Meola, entre autres) et le jeune Solomon Dorsey à la contrebasse. Un trio acoustique donc pour un musicien dont le {} pléthorique affiche clairement son inclination pour un jazz plus électrique et moderne, à la frontière de la pop.

Omar Hakim
Lyon, 06 04 2011
  • Dubitatifs, nous l’étions. D’entrée, Omar Hakim tape assez fort mais maîtrise parfaitement l’espace sonore. Pas avare de ruptures rythmiques, il dirige le trio avec sa pianiste dans un échange constant de bonnes manières musicales. La contrebasse, elle, respire dans l’espace mélodique qui lui est imparti. -Beaucoup de reprises de la pop music, Esp de Shorter, un Ain’t no sunshine inspiré, composent le répertoire de la soirée. En deux sets équilibrés, le trio impose sa marque sans défaillance. La fluidité est au rendez-vous, l’inventivité aussi. Bien que l’on soit quelquefois gêné par le volume sonore du batteur, on apprécie grandement la finesse de Rachel Z et les solis chantés de Solomon Dorsey. Au final, on sort du club avec l’impression d’avoir assisté à un bon concert qui marie les genres avec bonheur, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il manque un petit quelque chose à cette musique pour être totalement convaincante.

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  TRIPHASE

  • Anne Pacéo, batterie
  • Joan Eche-Puig, contrebasse
  • Leonardo Montana, piano
  • Périscope, Lyon, le 09 avril 2011
Anne pacéo
Lyon, 09 04 2011

Anne Paceo, Léonardo Montana, Joan Eche-Puig, sont nettement plus éloquents. À notre goût bien sûr. Homogène et inspiré sont les termes qui à l’évidence qualifient ce trio. Leurs compositions portent en elles toute la générosité et l’originalité de jeunes musiciens qui ont à mettre en musique un univers personnel et authentique. Comme souvent quand la musique produite à une âme, on l’imagine intentionnellement peuplée de mots justes, de phrases simples et définitives comme on en cueille chez Camus. Les harmonies et la polyrythmie développées donnent au texte triphasien toute sa densité. Le pendule opéré entre douceur et sauvagerie oscille « exactement » entre syntaxe simple et déstructuration. Les couleurs balayées ont une saveur adjectivale très contemporaine dont on sent cependant qu’elle est liée, reliée, à une tradition et un classicisme tels qu’on peut les lire chez Yourcenar ou, qui sait Ramuz pour la rugosité angulaire, chez Senghor aussi pour l’africanité.

  • Étant entendu que le courant triphasé mêle trois tensions de même fréquence et ,souvent, de même amplitude, on comprend intuitivement (c’est toute la force de ce trio de nous le suggérer) que les trois artistes écrivent un ouvrage aux voix multiples, une genre de recueil polyphonique qui emprunte plus à la nouvelle qu’au roman, mais qui forme un tout équilibré et cohérent. C’est cela le talent. Pour l’amateur de musique, c’est très réconfortant, et gratifiant aussi. On marque cette page et on attend le prochain volume avec un vrai désir d’écoute.

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