Nous essayons, les uns comme les autres, de recenser les disques de Joëlle Léandre qui parviennent à nos oreilles. Mais beaucoup échappent à notre attention... En voici 9 !
Nous essayons, les uns comme les autres, de recenser les disques de Joëlle Léandre qui parviennent à nos oreilles. Mais beaucoup échappent à notre attention, la contrebassiste donnant des concerts aux quatre coins du monde, dont beaucoup sont enregistrés et publiés par des maisons de disques locales. Joëlle travaille beaucoup et se produit énormément, plus à l’étranger qu’en France. On pourrait même ajouter que, parmi les musiciens et musiciennes du circuit “jazz” français (au sens très large), probablement aucun n’est aussi connu qu’elle au delà de nos frontières.
L’ayant connue au début des années 80, lorsqu’elle apparut sur les petites scènes parisiennes, j’ai la surprise et la chance de recevoir de temps en temps un “petit camion” contenant des disques qu’on ne trouve pas forcément sous le sabot d’un cheval (voir “Le choix de Joëlle”, 03/10/2013) Ce nouvel arrivage contient, outre un choix de CDs, un DVD, et une discographie qui regroupe 77 entrées mais s’arrête en 2001. Ce qui veut dire qu’il faudrait un deuxième, voire un troisième volume, pour contenir la somme de l’œuvre enregistré de Joëlle à l’heure qu’il est.
En voici donc un passage en revue où nous retrouvons quelques-uns de ses compagnons de longue date ainsi que de nouvelles rencontres réjouissantes et prometteuses. Un beau panorama international du travail d’une musicienne qui semble ne pas connaître le repos !
Quartette se rencontrant le temps d’un unique concert donné en mars 2001 dans le cadre du Festival Banlieues Bleues, Madly You réunissait, autour de la contrebasse de Joëlle Léandre, Daunik Lazro (saxos alto et baryton), Carlos Zingaro (violon) et Paul Lovens (percussions), soit quatre compagnons familiers et musiciens experts en l’art d’improviser collectivement. Paru une première fois en 2002 sous l’étiquette Potlatch, cet enregistrement n’a rien perdu de son acuité et de sa fraîcheur. Enregistré par Jean-Marc Foussat, celui-ci l’inscrit à présent durablement sur son label Fou Records. Que les amateurs férus de musique libre jouée par des maîtres de la question qui savent si bien s’entendre mutuellement n’hésitent pas à se (re)mettre à l’écoute de ce disque, source de grands bonheurs musicaux. « Madly You » (Fou Records CD 46).
Douze ans après, en mai 2013, nous retrouvons Joëlle Léandre et Paul Lovens pour un concert parisien. Je renvoie le lecteur à la recension de ce disque mise en ligne le 22 janvier 2021 (voir “Revue hexagonale, 2e chapitre”). Ne laissez pas passer ce moment très fin d’improvisation enregistré et publié comme il se doit par l’indispensable Jean-Marc. « Off Course ! » (Fou Records CD 41).
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En juillet 2014, la contrebassiste se trouvait à Prague pour un concert en compagnie de l’accordéoniste Pauline Oliveiros, musicienne contemporaine de haut niveau rencontrée par Joëlle à New York en 1980, et du fameux tromboniste George Lewis qui, pour l’occasion, manipule ici largement ses laptop elecronics. Le parcours improvisé et parfaitement maîtrisé de 44 minutes offre des séquences contrastées et nuancées, le jeu powerful n’excluant pas la finesse. Recommandé. « Play As You Go » (Trost TR212).
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Totalement différent – et pourquoi ne pas le dire : plus jazz ? - ce Tiger Trio réunit les deux “vieilles” complices Joëlle Léandre et Nicole Mitchell (aux flûtes et au piccolo) invitées par la pianiste Myra Melford avec qui Joëlle venait de faire un concert en compagnie de Lauren Newton le mois précédent à Varsovie. Le résultat de deux séances d’enregistrement, l’une à Paris, l’autre le lendemain à Strasbourg en novembre 2018, a donné naissance à une série de onze improvisations courtes où se déploient, et se renouvellent, toutes les facettes d’un trio acoustique en état de grâce. L’envergure du piano, forcément plus lyrique, l’assise de la contrebasse, non cantonnée dans les graves, et les envolées des flûtes forment un ensemble autant opposé qu’il est cohérent. Absolument superbe. « Map of Liberation » (RogueArt ROG-0093).
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Après le Tiger Trio, voici le Judson Trio comprenant également deux musiciens américains de grande valeur : l’altiste (violon) Mat Maneri et le batteur Gerald Cleaver. Il réunit sur deux CD, un live et l’autre studio, huit parties Wild Lightness enregistrées aux Instants Chavirés à Montreuil, et dix parties Bright Dance réalisées à Malakoff. La partie concert s’avère plus rude, sinon austère, que le disque précédent. Il s’agit d’un travail en profondeur qui nécessite concentration et application. Chacun sait que Joëlle Léandre est une “performeuse” et ses concerts enregistrés en public sont beaucoup plus nombreux que ses séances en studio. Et pourtant, serait-ce parce qu’elle fut plus préparée ? celle réalisée à Malakoff offre plus de contrastes, d’ouvertures et de climats différents. Ainsi Joëlle et Maneri prennent des initiatives et s’imposent parfois à l’avant-scène, tandis que Cleaver reste volontairement en arrière-plan, jusqu’à son solo qui occupe et conclut la pièce finale. Pour amateurs éclairés qui prennent le temps d’écouter. « Light and Dance » (RogueArt ROG-0112).
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Retour au duo avec la rencontre et l’échange entre Joëlle Léandre et la percussionniste espagnole Nùria Andorrà, une nouvelle venue (pour moi) dans la “grande famille” de Joëlle. Réalisé en studio en octobre 2021, ce disque se compose de douze courts Bla Bla qui ne sont pas des discussions pour ne rien dire tant cette rencontre s’avère réussie. La “présence” de la contrebassiste, qui joue, plus que d’habitude me semble t-il, .en pizzicato, est sans cesse vivement questionnée par la percussionniste qui réagit au quart de tour, apportant ses couleurs et enrichissant l’espace toujours avec à-propos. Finesse, subtilité, respiration, force... une belle histoire en douze temps. « Bla Bla Bla duo » (Fundacia Stuchaj FSR 21I2022).
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Autre duo : le jeune contrebassiste brésilien Vinicius Cajado confronte son instrument avec celui de Joëlle Léandre. Ça se passe à Vienne (Autriche) en décembre 2022 lors d’un concert qui semble avoir été fort apprécié. Sur un pied d’égalité, encore que Joëlle y ajoute comme souvent quelques “vocalises”, les deux partenaires s’interpellent, se questionnent et cheminent ensemble, archet contre pizzicato, durant six Dances où les sons graves, dans toute leur beauté, dominent et installent une véritable pulsation sous-jacente. « Storm Dance » (Not Two MW 1035-2).
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Après ces duos, trios et quartette, il nous manquait le solo. Voici donc un petit rappel de l’excellent « Zurich Concert » enregistré en mars 2022 (voir “Intakt : un an d’émerveillement, 2e partie : en Europe" - 26/09/2023). Pour la petite histoire, Joëlle a retrouvé sa contrebasse au dos de l’album, ceux qui avaient vu la pochette me comprendront ! (Intakt CD 402).
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Et pour finir, toujours en solo, et en images, un DVD a été consacré à Joëlle Léandre. Réalisé par Christian Pouget, il s’agit d’un vrai travail cinématographique, et non un simple reportage plus ou moins amateur comme on en voit souvent. Joëlle est filmée en jouant dans des décors, donc des endroits différents : en forêt occitane l’hiver, dans les bois où l’on perçoit le côté organique de la nature, sur diverses scènes, dans des ruines industrielles à Arles, dans des rochers en forêt (beaucoup de forêts)... pour finir par une sorte de mélopée dans l’église de Calès [1] . Soit dix séquences prenantes filmées de 2020 à 2022 dans de belles nuances de gris. À voir absolument, qu’on soit mélomane ou cinéphile... ou les deux. « Duende » ((C) Christian Pouget).
www.fou.records.com
www.roguart.com
www.lesallumesdujazz.com
https://fsrecords.net/
www.nottwo.com
www.intaktrec.ch
www.orkhestra.fr
[1] Christian Pouget avait enregistré le concert de Souillac dans l’église de Calès en juin 2021 (Voir Appeal du Disque, décembre 2021).
